Un jour, alors que je rendais visite à Nadine, la cousine de Marie-Ange, près de la Marine Ango, (Saint Philippe) elle était en train de faire sécher des feuilles pour confectionner des nattes, des tentes, des capelines…
Toute fière, elle me montre aussi un nouveau produit qu’on fait avec les feuilles de vacoa : du papier !
Son association a déposé un projet qui consiste à valoriser autrement la feuille du pandanus : la confection de « papier de vacoa ».
De nombreuses vidéos, de qualité inégale, sont déjà en ligne pour expliquer la fabrication de ce produit inédit.
Avant que le riz ne soit le féculent le plus utilisé sur l’île, les Réunionnais cultivaient le manioc et le maïs. De nombreux champs étaient plantés de manioc dès les années 1730.
Le sieur de la Bourdonnais aurait fait cultiver, non sans mal, le manioc rapporté du Brésil dans les deux îles (Madagascar et Réunion) afin de prévenir les disettes si fréquentes… « Il fallut même des ordonnances pour assujettir l’habitant à planter 500 pieds par tête d’esclavage. »
Pour en savoir davantage sur l’introduction du manioc à la Réunion,
Une fois le tubercule de manioc récolté, il fallait le râper… Et pour ce faire, les habitants confectionnaient eux-mêmes l’accessoire avec du bois et du métal qu’ils trouaient…ou l’achetaient plus tard dans la « boutik chinois ». On trouve de ces râpes dans différents musées de l’île, notamment dans celui de Grand Bois.
Au train où vont les choses, où on bétonne à tout va, il est à craindre qu’un jour, la Réunion assiste impuissante à la disparition de ces boutiques pittoresques tenues par les Chinois.
On y trouve de tout : aiguille à coudre, boîte d’allumette, râpe à manioc, moules, raquette anti-moustique… Ce sont des familles chinoises qui de génération en génération se transmettent ce petit commerce qui est très prisé en cas d’urgence…
L’endroit ne paye pas de mine, mais on y trouve invariablement un grand comptoir avec une vitrine, et des étagères sur le mur du fond…étagères remplies de bric et de broc, de flacons, de boîtes, de cartons…
Au musée Stella Matutina, on consacre une petite place à ce sujet dans l’espace « Patrimoine » : la « boutik chinois », ou « bazar » fait partie du patrimoine, c’est sûr !
On y apprend que les Chinois arrivent sur l’île en 1844 comme engagés. À la fin de leur contrat, certains deviennent colporteurs. Ce n’est qu’à partir de 1862 qu’ils ont le droit de circuler, et de résider, puis d’installer leur commerce. En 1863, on recense 22 boutiques : ce sont à la fois des épiceries et des débits de boissons. On les voit le plus souvent près des usines, à l’angle des rues…
Autrefois, les gens n’avaient pas de salaire régulier et ceux qui allaient y faire leurs achats avaient droit à un crédit et tous les achats étaient consignés dans un carnet.
Dès 1960, les supérettes puis les supermarchés ont contribué à la fermeture de ces boutiques.
Certaines résistent et c’est une chance. Il serait urgent de les répertorier … Pour les touristes, c’est aussi un passage obligé !
Aujourd’hui encore, de nombreuses Réunionnaises prennent plaisir à confectionner des maniques, housses de lits, piquettes, à partir de chutes de tissu colorées.
On utilisait ce principe pour fabriquer des tapis ou couverture qui ne coûtaient pas cher, d’où l’appellation « tapis mendiant ». Nicole m’en explique la technique.
La base de chaque pièce est un hexagone en carton qu’on place sous le morceau de tissu (plus large que le modèle). On coud un ourlet sur toute la surface de cette rosace, puis on en confectionne une deuxième pour le verso. Puis tout est joliment assemblé, toujours à la main. Il suffit d’un fil, d’une aiguille et d’une bonne dose de patience !
Au 80 Bd Hubert Delisle, près du marché forain de Saint Pierre, il existe encore une ancienne villa créole. A l’heure où les promoteurs détruisent tous les anciennes habitations le long du front de mer pour leur substituer des bâtiments à étages impersonnels, certaines résistent et heureusement !
La villa, entourée d’un parc, est belle et semble toujours bien entretenue. En fait, il s’agit du siège de l’administration de la Fondation du Père Favron.
Cette fondation constitue la plus importante structure privée à but non lucratif de gestion d’établissements médico-sociaux de l’île de la Réunion.
Avec Jocelyn, animateur de Kokopat, nous étions un groupe d’une demi-douzaine d’explorateurs occasionnels à investir la Grotte Bleue.
Ce tunnel de lave, découvert au hasard de travaux de terrassement – l’engin était tombé de plusieurs mètres dans une cavité- est situé sur un terrain privé près de Bois- Court dans les hauts de Pont d’Yves.
Rudy, responsable de Kokopat, a eu l’idée de signer un contrat avec le propriétaire des lieux et depuis plusieurs années, il est habilité avec son équipe de spécialistes à faire découvrir le site.
Bien équipés (casque avec lampe frontale, gants, genouillères) nous sommes entrés dans cette antre pour en ressortir près de 2h30 plus tard. La découverte commentée vaut le détour. Certains passages obligent les visiteurs à se plier, parfois à ramper… le sol peut être tranchant et notre équipement a été d’une grande utilité.
Pendant notre cheminement, Jocelyn veillait à ce que l’environnement ne soit pas dégradé par imprudence : le seul contact avec des stalactites ou d’autres roches peut détruire ce que la nature a mis de siècles à construire.
Nous n’avons pas vu le bout du tunnel car sur 100 mètres il faudrait ramper et riquer de tomber de la falaise dans la Rivière St Etienne. Les spéléos professionnels s’y étaient hasardés mais la friabilité des roches risquait de les mettre en grand danger. D’où l’impossibilité de s’y risquer. Après être restés une dizaine de minutes dans le noir absolu à écouter les gouttes d’eau tomber autour de nous, nous sommes revenus par le même chemin, toujours avec des commentaires éclairés de Jocelyn.
A l’issue de cette expédition, nous avons rangé le matériel, bavardé autour d’une boisson et notre guide nous a dit comment accéder à toutes les photos de la sortie sur le site.
Une sortie à conseiller à tous les amateurs de volcanisme, et à ceux qui aimeraient mieux connaître les faces cachées de leur île.
Le long de l’arboretum de l’Entre-Deux, un maçon est à pied d’œuvre. Comme il voit mon intérêt pour la technique de construction, il nous parle de son travail.
Il lui faut assembler des moellons (gros cailloux) sur une largeur de 40 cm.
Au préalable, avec une masse il casse les gros galets puis les taille pour donner une face plate à ceux qui seront sur le devant. Pour les assembler, il utilise un mélange de ciment et gravier. Ici le travail est complexe parce qu’il lui faut insérer de plus petits galets entre les gros de manière à ce qu’il y ait davantage de roches.
Chez lui à La Possession, les galets seraient plus faciles à utiliser car ils se superposent mieux et il n’a pas besoin de faire des rajouts. Le mur de soutènement qu’il construit actuellement pour lui a un mètre de largeur , mais il le fait à son rythme…
Après l’agencement des pierres, il faudra coffrer le haut pour finir par une plaque de protection en béton.
Cette tâche est assez pénible à la Réunion car il faut supporter les grandes chaleurs, mais M. Dijoux aime ce métier qu’il exerce depuis 40 ans et qui le fait vivre.
À la Réunion, au mois de janvier, on se déplaçait autrefois dans la famille pour échanger les vœux.
À cette occasion les hôtes offraient le verre de liqueur et partageaient le pâté créole. Pour ne pas déroger à la règle, et parce que ça me faisait plaisir, fin janvier, j’ai rendu visite à des proches de Petite Ile.
Nous avons bu le petit verre d’anisette « Marie Brizzard » et mangé un morceau de pâté créole ! Un bon moment de convivialité !
Le musée du patrimoine situé au pied de l’ancienne cheminée de l’usine sucrière s’enrichit au fil du temps de dons faits par des habitants de l’île : machines à coudre, nappes, livres, disques, objets du quotidien…
Jeanick, animateur de cet endroit, connaît l’histoire de ces objets et a plaisir à en parler en créole ou en français selon le visiteur qui se présente.
Récemment la salle a accueilli des dons de Daniel VABOIS, ancien chanteur des Jokarys et conteur. Ce dernier a légué à la salle d’exposition un casque colonial ainsi qu’une guirlande de boîtes assez inédite et très usitée dans les années 1950…
Il s’agit là d’un ensemble de petits gobelets réalisés avec deux feuilles de vacoa pliées, dans lesquelles on conservait des graines pour les semer… Dire que ces objets ont survécu parce que son propriétaire les a conservées. Une bonne idée d’avoir gardé ces objets qui désormais peuvent être présentés aux jeunes générations… Un beau geste de M. Vabois, aujourd’hui âgé de 80 ans. Merci à lui !
Lors de la visite guidée du Vieux Domaine à la Ravine des Cabris, on vous fait circuler dans cet espace dédié au Patrimoine : on découvre par exemple les métiers lontan ( bardeautier, maréchal-ferrant, cordonnier…) les activités du quotidien ( lessive, couture, toilette, mouture du café, du maïs, tressage, confection de tisanes ….) les lieux de vie et d’échanges (cases tapissées à l’ancienne, boutique…)
On vous emmène aussi dans une pépinière où poussent des arbres endémiques ou indigènes, et on propose aux gens un jeu qui consiste trouver des animaux cachés dans les plantes, enfin on vous initie à la fécondation de la vanille… De nombreux endroits sont consacrés à l’histoire des lieux, aux objets et machines qui ont accompagné nos anciens…