Des livres et cahiers sont une madeleine de Proust pour de nombreux Créoles venus visiter le petit Musée de Grands Bois situé au pied de la cheminée de l’ancienne usine.
Tous n’ont pas eu la chance de faire de grandes études. Une fois adolescents, ils avaient l’obligation d’aider leurs parents pour faire bouillir la marmite.
Mais le passage à l’école primaire n’était pas une option et la plupart des enfants quittaient les bancs de l’école très tôt ; les filles évidemment n’avaient guère de perspectives si ce n’étaient celles de se marier et de fonder une famille.
Nicole et Jean Paul Abriel qui ont collectionné durant de longues années des objets du patrimoine local les ont exposés dans cet endroit où peuvent revivre ces témoins du passé : au milieu de centaines d’objets hétéroclites racontant la vie des habitants de la Réunion, on repère un banc d’école, des ardoises, des cahiers, des livres de grammaire, de dictées…
…et une étagère de BD (Akim, Blek le Roc…) qu’on pouvait consulter dans les bibliothèques ou acheter si on avait de quoi les payer.
…s’élève dans le cimetière du Père Lafosse à Saint Louis. Il serait peut-être urgent de le classer pour lui éviter d’être tronçonné un jour !
Peut- être n’est-ce pas l’usage de protéger de vieux arbres à la Réunion, à moins que…
Ce tamarin qui donne toujours des fruits et de l’ombre trône au milieu des tombes, non loin du petit sanctuaire du Père Lafosse.
J’ai toujours regretté la disparition de l’arbre à palabres à Entre Deux et du bel arbre qui poussait devant le Moulin à Café à La Ravine des Cabris.
Quelques pistes pour classer un arbre :
Un arbre peut être classé « monument naturel » par décret en Conseil d'État, sur initiative ou après avis de la Commission Supérieure des Sites, Perspectives et Paysages.
Un arbre classé doit répondre aux critères suivants : la rareté, l'authenticité, l'intégrité et la représentativité.
Comment demander le classement d'un arbre remarquable ? La protection de l'arbre est une volonté politique. Le régime des espaces boisés classés permet de protéger des arbres isolés, publics ou privés
Pour rejoindre la Saga du Rhum deux chemins sont possibles. Le plus rapide depuis St Pierre est certainement celui qui passe par le Chemin Badamier, mais emprunter cette voie peut réserver des surprises.
En fait, on traverse un chemin de cannes étroit au revêtement inégal, où il est difficile de croiser d’autres automobilistes. Parfois une petite aire goudronnée est aménagée sur les côtés mais il faut savoir anticiper… et il faut avouer que la plupart du temps les usagers font preuve de courtoisie.
On apprend à conduire lentement, à bien regarder devant soi et à être serein. Le musée de la Saga du Rhum est contourné par cette route qui rejoint la ligne Paradis. Mais s’arrêter sur cette route du Rhum à ce musée vaut le coup !
L’ancienne gare de trains de Saint Pierre est désormais un restaurant-bar. On n’y accède plus par les anciennes portes, passage obligé par le local de restauration, depuis lequel on accède aussi à la terrasse arrière.
Et là a été installée une micheline qui reliait autrefois le sud de l’île au nord.
Ce wagon, une pièce de musée, est utilisé pour la vente de glaces… On peut regretter la fin des chemins de fer à la Réunion : ils auraient été une panacée contre les éternels embouteillages, que ce soit dans l'Ouest comme dans l'Est . Encore une option pour une qualité de vie meilleure que les élus de la région sous le mandat de Didier Robert, ont négligée en donnant priorité aux voitures et à la NRL. Quelle bêtise d’avoir rejeté l’option tram-train…
Quel bonheurde se promener vers le poste de surveillance à la tombée du jour, de franchir la passerelle du radoub au soleil couchant. C’est là qu’on réparait les bateaux autrefois, on mettait les embarcations en cale sèche. Aujourd’hui seules quelques barques de pêche y mouillent, l’endroit a perdu sa vocation, mais il intéressant de constater que ce patrimoine a été conservé.
L’allée en bois qui longe la plage de coraux a été réparée, elle est souvent détériorée par la pluie, le vent et … peut-être de jeunes en mal d’occupations. Mais le site est désormais sous vidéo surveillance et les lieux sont moins abîmés.
Depuis la jetée, la vue sur l’océan, la plage et la ville est superbe. IL fait encore chaud et l’air marin est vivifiant.
Observer la foule est un plaisir : un jeune fait une coupe de cheveux à un copain, des parents courent après leurs marmailles, des amoureux font des selfies, toutes les générations se retrouvent sur cette jetée emblématique de Saint Pierre.
Mais que se passe-t-il au Tampon ? Les immeubles poussent comme des champignons. La mairie exproprie des concitoyens, achète des terrains et les cède à des promoteurs qui élèvent des bâtiments qui vont rapporter, mais qui remplacent les zones herbacées et arborées.
On vous retorquera qu’il faut désormais construire en hauteur pour laisser vivre les terres agricoles.
C’est peut- être une des causes de cette prolifération inconsidérée d’immeubles. Mais en creusant on apprend que c’est de la rivalité entre Saint Pierre et le Tampon que naissent ces excroissances envahissantes, qui font de l’ombre (pas seulement de l’ombre) aux petites cases créoles..
En fait, il s’agit dans un proche avenir de décider de l’attribution du siège de la Communauté d’Agglomération du Sud. Or c’est au nombre d’habitants qu’on attribue ce siège. Avec toutes ces nouvelles constructions, le Tampon aurait déjà gagné : ce sont plus de 2000 personnes qui ont trouvé à se loger au Tampon et Saint Pierre est battu !
Une guéguerre de chefs pour obtenir une casquette de plus ! Les maires, Tien Ah Koon (Tampon) et Fontaine (Saint Pierre) se comportent ainsi pour des raisons financières et laisseront derrière eux des villes peu attrayantes. Après eux, le déluge ! Et personne ne réagit, comme toujours…
Je me pose une question : quel est l’intérêt de créer une Communauté d’agglomération ? Pour avoir davantage de fonctionnaires… qui comme d’habitude se tireront dans les pattes et vivront de l’argent du contribuable…?
J’ai été accueillie ce mardi pendant une petite heure dans l’atelier de tressage. La responsable était absente : elle coupait des bambous au Relais avec des stagiaires.
Malgré tout, Sylvie, Gillette, Selène et Jean Pierre, des bénévoles, m’ont proposé une chaise et ont bavardé un brin avec moi pendant qu’ils râpaient des lanières de bambou avec de grands couteaux.
La dureté de ces brins est ce qui m’a le plus impressionné : rien à voir avec la souplesse du vacoa, du vétiver, de la tige d’agapanthe, du jonc et même de l’osier (lequel est humidifié). Pendant tout le temps que nous avons causé, tous les quatre amincissaient des lanières de même dimension avec un énorme couteau de cuisine. Près de 8 minutes pour une seule tige… « Il faut 17 de ces brins pour fabriquer un petit panier à fruits », précise Gillette à Selène. Ces bénévoles les mettent en commun et l’une d’entre elle ensuite s’attelle au tressage.
Une autre découverte : leurs genoux étaient protégés par des linges : on se salit facilement, les échardes peuvent entrer dans le vêtement ou le couteau peut déraper ! Jean Pierre a d’ailleurs failli se faire mal et a bien enveloppé sa cuisse d’une serviette doublée…
J’ai eu des informations sur les finitions : les tiges sont repliées et si elles sont trop dures on peut les amincir, me raconte Sylvie en alliant le geste à la parole. Parfois on termine par un ourlet de vacoa…
Gillette m’explique aussi qu’on peut prendre le brin entier avec le nœud mais il faut bien râper dans le sens qui convient. Ce genre de brin sert à faire de plus grands contenants.
Leur atelier a pu partir en métropole et découvrir le tressage de l’osier dans le Sud de la France. Elles ont aimé le contact avec cette matière.
Quand la cheffe est revenue, on m’a gentiment demandé de laisser la place aux stagiaires, et je n’ai pas osé insister alors que je pensais payer mon adhésion et pouvoir participer à un atelier. Dommage ! Mais je n’étais pas là au bon moment. Je peux comprendre la responsable, un ti guiguine surprise de me voir là !
Retour des stagiaires : leurs tiges coupées à la machette seront divisées en deux puis en quatre avant d’être redécoupées en fine lanières… Au boulot ! ou plutôt « au bambou !
Un grand merci à Gillette, Sylvie et Sélène pour leur accueil et ce bon moment de partage !
Sur l’ancien site de l’usine sucrière de Grands Bois, derrière la cheminée restaurée se cache une salle ouverte au public du lundi au vendredi !
Jeannick Baïry vous accueille à l’entrée et vous emmène faire un bond dans le passé de l’île.
Ici des objets hétéroclites du quotidien sont exposés, objets collectionnés par Jean Paul Abriel, mais aussi de nombreux objets que les visiteurs offrent à ce lieu.
On y trouve d’anciennes BD, pochettes de disques, ustensiles de cuisine, instruments de musique, machines à coudre, pupitres d’écolier, tonneaux, anciens livres de classe, lampes, vêtements d’autrefois, tapis mendiant, des torches, un petit salon de coiffure, des photos, des proverbes, des appareils photo, vélos … un bric à brac incroyable !
Et chaque objet a son histoire ! Et notre guide a plaisir à vous conter des anecdotes, vous préciser l’utilisation de chaque objet…
Pour fuir les grandes chaleurs ou la pluie, le petit musée est un abri de choix, climatisé, et on en ressort plus riche qu’avant !
Cette biographie encore incomplète est née d’un assemblage de toutes les informations glanées sur internet ! (cf sources à la fin de l’article)
Son enfance
Sully fête ses 102 ans. Fils d’une couturière et d’un charpentier, il voit le jour le 7 février 1922 à Saint-André.
Il perd son père à l’âge de 6 ans, et la jeune veuve retourne vivre chez sa propre mère. Il apprend les rudiments de l’écriture et de la lecture dans une petite école non officielle tenue par sa marraine, Blanche Robert, à la Rivière-des-Roches (Bras-Panon). Petit, il aime déjà les livres. "Un livre représente les connaissances. C’est un bel objet, mais aussi un objet qui nous permet d’apprendre. J’aime lire depuis que je suis enfant. Ma marraine m’a appris à lire dans « son école marron » quand j’avais 5 ans." En 1936, il obtient son certificat d’études primaires.
Années d’apprentissage
À 14 ans, il devient apprenti artisan relieur. En 1936, le « Certificat » passé, il faut travailler. Sa mère le confie à M. Vénérosy, un artisan-relieur de Saint-Denis. Le gamin de 14 ans se passionne toujours pour le livre !
Après quatre années d’apprentissage, il se met à son compte. Grâce à la générosité du boulanger Jean Gautier, parrain de sa sœur, il ouvre son atelier de reliure le 4 juin 1940, à la rue du Four-à-Chaux à Saint-Denis.
La guerre
Le monde est en pleine Seconde guerre mondiale, et les Réunionnais ont d’autres préoccupations et d’autres priorités que la reliure. Faute de clients, il met la clef sous la porte et cherche éperdument du travail pour survivre.Il manque de matériel pour travailler. Alors, pour s’en sortir il a dû travailler comme maçon, sur les rails, mais également pour des ouvrages du célèbre Hippolyte Foucque.
Retour à la vie de relieur
Il reprend son activité de relieur dans les années 50. En 1952, le ciel s’étant dégagé dans une île devenue département français depuis 1946, Sully Argand retourne à ses premières amours
Durant toute sa vie de relieur, il a formé un nombre incalculable d’apprentis. Beaucoup d’amoureux des beaux livres reliés ont eu recours à ses services et en gardent le souvenir d’un travail remarquable par un homme exceptionnel.Il redonne vie et beauté aux ouvrages et documents divers ; il est autant artiste qu’artisan dans la dextérité déployée. Il pousse la curiosité à les ouvrir, à les compulser et à s’instruire. Il prend des notes et rédige son livre, de tous les savoirs glanés de La Réunion.
le travail de relieur exige minutioe, soin, précision, patience
La retraite : C’est en 1995 qu’il prend sa retraite.
La reconnaissance de l’Etat
Neuf ans plus tard, le 6 janvier 2004, il reçoit un télégramme du ministère des Outre-Mer qui l’informe qu’il va recevoir la Légion d’honneur, la reconnaissance suprême de la République . C’est René-Paul Victoria, député-maire de Saint-Denis, qui lui remet la croix de chevalier. "Je ne m’attendais pas. J’étais très surpris, mais très touché. Mi té tré fier", laisse-t-il échapper.
"Je n’ai plus une très bonne santé. Je reste à la maison, je lis la bible et je prie. Pour le reste, seul Dieu le sait."Photographie, timbres, généalogie, bibliophile...et plein d’autres plus intéressantes les unes que les autres. Il a publié son ouvrage " Fragments d’une mémoire centenaire", qui retrace plus de cent ans de fragments d’histoire commune. Sa mission était : "Transmettre les valeurs de l’épopée de la France dans l’île lointaine".
Une mémoire intacte
Son voisin le décrit comme un homme vif d’esprit dont la mémoire est toujours intacte. "C’est un passionné de photographie. Il a fait beaucoup de photos de monuments. Il a même immortalisé la venue de Charles de Gaulle sur l’île dans les années 1950. Il collectionne également des timbres et il est aussi un fervent catholique", souligne-t-il.
En plus de sa passion pour redonner un second souffle aux livres, Sully Argand a beaucoup écrit sur sa machine à écrire. Un livre contenant tous ses fragments de vie a été tiré à une centaine d’exemplaires...
Son secret de longévité ? Il nous l’explique par une très bonne hygiène de vie et une croyance inébranlable. Toujours en pleine forme et très bavard, la transmission de l’histoire et de la culture pour les générations futures est primordiale pour lui.