Un jour, alors que je rendais visite à Nadine, la cousine de Marie-Ange, près de la Marine Ango, (Saint Philippe) elle était en train de faire sécher des feuilles pour confectionner des nattes, des tentes, des capelines…
Toute fière, elle me montre aussi un nouveau produit qu’on fait avec les feuilles de vacoa : du papier !
Son association a déposé un projet qui consiste à valoriser autrement la feuille du pandanus : la confection de « papier de vacoa ».
De nombreuses vidéos, de qualité inégale, sont déjà en ligne pour expliquer la fabrication de ce produit inédit.
Aujourd’hui encore, de nombreuses Réunionnaises prennent plaisir à confectionner des maniques, housses de lits, piquettes, à partir de chutes de tissu colorées.
On utilisait ce principe pour fabriquer des tapis ou couverture qui ne coûtaient pas cher, d’où l’appellation « tapis mendiant ». Nicole m’en explique la technique.
La base de chaque pièce est un hexagone en carton qu’on place sous le morceau de tissu (plus large que le modèle). On coud un ourlet sur toute la surface de cette rosace, puis on en confectionne une deuxième pour le verso. Puis tout est joliment assemblé, toujours à la main. Il suffit d’un fil, d’une aiguille et d’une bonne dose de patience !
Le jour où je faisais découvrir à Micheline le circuit des Cases Créoles de l’Entre-Deux, j’ai remarqué qu’une nouvelle petite boutique s’était installée dans le quartier, au 4 rue Payet.
Hélène et Pascal accueillent leurs clients dans cette case où sont exposées leurs réalisations en cuir ( sacs, sandales, ceintures, porte-monnaie, bracelets…), toutes des pièces uniques. On peut les voir travailler dans leur atelier attenant à la boutique.
Ce sympathique couple n’est pas avare d’explications sur l’art qu’ils pratiquent et sur leur parcours de vie et de créateurs, et on a vraiment plaisir à bavarder avec eux.
Un petit arrêt s’impose ici, ne serait-ce que pour admirer les jolies pièces confectionnées ou échanger avec Hélène et Pascal.
La saison des letchis se termine. On range les gonis* en vacoa qui servaient à les transporter et on en vérifie l’état. Mais ces sacs n’ont pas une importante durée de vie et les commerçants font déjà appel à des tresseuses pour leur confectionner de nouveaux contenants pour la saison prochaine.
Ainsi Nadine de Saint Philippe profite du confinement imposé par l’alerte cyclonique pour fabriquer les nouveaux sacs.
Goni* : à la Réunion on appelait « goni » le sac en toile de jute … Désormais tout sac est appelé « goni » même s’il est en vacoa. Le mot « goni » en hindi signifie « sac ».
Le matériel de récupération devient argument de vente. Ainsi Emilie Delarue, du Tampon, qui dirige l’atelier « montisavate » photographie l’île et imprime les clichés sur du matériel recyclé.
Son stand au marché de Saint Pierre a du succès et la jeune entrepreneuse ne s’en plaint pas. « Quand il y a du monde, ça le fait… » encore faut-il que le chaland puisse se déplacer, ce qui n’était pas toujours le cas avec le confinement.
Pour donner plus de visibilité à son activité, elle a créé le site web : « montisavate.fr » où toutes ses créations sont présentées.
Pour la contacter : montisavate@gmail.com et 0693001904
Les Réunionnais catholiques font traditionnellement la tournée des 9 crèches au mois de janvier. Or, ce n’est pas forcément dans les églises qu’on trouve les plus belles. La preuve : à Montvert chez Nathalie, on tombe en arrêt devant une surface de 6 mètres carrés aménagée dans son salon.
Au fil des années sa crèche n’a cessé de s’agrandir et de se perfectionner. Désormais l’étable où est né l’enfant Jésus est entourée d’autres abris où se côtoient de superbes santons. Elle a aménagé des escaliers, créé un puits, un lavoir, un bassin et même une rivière où coule de l’eau en continu. Le sol est tapissé de mousses ; fougères et lianes y croissent… Jardinière, bricoleuse très adroite, Nathalie a les pouces verts. Rien ne la rebute et elle relève souvent des défis incroyables pour construire, réparer… Elle a aussi le souci du détail. Bernard, son mari, consent à déplacer chaque année les meubles pour pouvoir installer ou démonter la crèche et lui prête main-forte. Dommage que cette œuvre ne soit vue que par les proches de l’artiste ! Elle mériterait qu’on la diffuse largement.
Au marché de Saint Pierre, les stands de produits artisanaux pullulent. Parmi ceux-ci, il en est un, à l’entrée, non loin du parking, où on fait toujours des affaires.
On ne résiste pas à l’envie d’acheter un panier pour ses courses ou pour en faire cadeau à des amis de métropole. Comme mon amie Annette m’a commandé une « tente », c’est ainsi qu’on appelle à la Réunion les cabas pour les courses, j’en ai choisi une parmi les belles pièces exposées et Jacqueline, la vendeuse, m’a consenti un ti rabais sur le prix annoncé…
Même si ces objets sont fabriqués à Madagascar, on n’hésite pas à les acheter pour leurs coloris et leur robustesse.
Ne ratez pas l’atelier animé par Mô Girard, une jeune graphiste de talent (c’est elle qui a illustré les ouvrages sur les scènes lontan et le jeux lontan de l’association Pêcheurs Golet) et qui travaille avec tout public.
Certains ont déjà pu la rencontrer au Saknoufé où elle initiait qui le voulait à la calligraphie, au dessin ou à la peinture …
Dans une case lontan reconstituée devant les calbanons de la Cafrine, il expose une vingtaine de ses œuvres.
On y voit par exemple des scènes de labeur (coupeur de cannes triant les boutures, homme en train de piocher la terre), des objets ( un étau et un serre-joint), des animaux ( vache et veau, oiseaux ) des paysages ( bassin et cascade ; vue de la côte de Grands Bois du temps de l’usine depuis la mer),des cases, des bateaux…
L’homme aime son pays, et dans chaque tableau, on ressent cette émotion qu’il veut faire partager.
Sous le chapiteau dressé devant les Calbanons de la Cafrine, sont exposées de nombreuses créations réalisées par les associations. Et derrière ce chapiteau a été aménagé un espace pour des ateliers vivants dont celui du tressage de la feuille de coco.
C’est là que j’ai fait la connaissance d’Issa, un boug très sympathique de Saint Pierre, très adroit de ses mains. Il m’a confié qu’il tressait ce matériau depuis sa tendre enfance.
A l’époque des mangues, quand on allait « casser » (cueillir) les fruits, il fallait bien les transporter. Alors les cueilleurs avaient coutume de réaliser des contenants tressés avec des végétaux comme la palme du cocotier ou du dattier. Les palmiers étaient là, il suffisait de s’en servir. C’est ainsi qu’Issa s’est intéressé à cette technique du tressage.
Patiemment, il qui nous a expliqué comment réaliser un moulin ( avec deux brins et une nervure centrale),
puis un porte-bouteille en feuilles de coco ou une coupelle, un chapeau en feuilles de dattier.