Je m’arrête à la Ravine des Cafres, non loin du Bassin 18, pour bavarder avec une dame qui attend son bus. Et là, je tombe en arrêt devant une fresque très explicite.
Encore JACE, mais cette fois en association avec le grapheur ADOR !
On y voit un tas de gouzous ensanglantés, entassés, au milieu desquels flottent les drapeaux de la Chine, des Etats-Unis, de la Russie, de la Hongrie, de l’Italie… Un choix non innocent de pays belliqueux qui veulent assurer leur domination grâce à une idéologie extrémiste ou autoritariste.
Et là-dessus un personnage grotesque au long nez (un Pinocchio menteur ?), avec une mèche rebelle, des gants de boxe et une tunique en peau de vache ! Pas de doute, les petites fusées qui s’échappent dans ce tableau rappellent étrangement le propriétaire de Space X. En effet, il s’agit d’Elon MUSK qui piétine ostensiblement le monde des humains et réussit à semer la pagaille…
Dans quel monde vivons-nous ? les gens sont fous (cf la présence d’un entonnoir), les insultes fusent, la menace nucléaire n’est pas écartée … ce guignol qui n’a rien d’un être humain, divise pour régner…
Nous sommes des millions à penser que cet individu est un danger pour la planète et on le laisse faire… À quand le grand réveil ?
Nous étions une vingtaine de participants à cette sortie organisée le mercredi 19 février. Enis Rockel, conférencier depuis trente ans, nous a fait découvrir le berceau de la ville, en passant non loin de la Rivière d’Abord où flottait autrefois un mât de navigation, puis par l’hôtel de ville, ancien entrepôt du port.
Petit arrêt devant une vieille bâtisse, dite celle des Notaires vraisemblablement une case classée monument historique, dont le sort reste incertain.
Sur la place ombragée, il nous a raconté l’histoire de Mahé de Labourdonnais, ancien gouverneur de l’île puis près de la statue de Guignard.
Dans la Rue des Bons Enfants, nous avons eu l’explication de ce nom de rue : en fait lors d’un cyclone tous les toits s’étaient envolés on a fait appel à des Compagnons de la compagnie « Les Bons Enfants » qui ont recouvert les maisons de toits de cuivre.
Enfin, nous sommes remontés par la rue Archambaud pour faire une halte à la Maison Loupy ou Frappier de La Ferrière et devant d’autres bâtiments de la même période.
La chaleur était étouffante et les endroits ombragés étaient rares, ce qui cette fois ne m’a pas permis de rester concentrée pendant plus d’une heure ! Se promener dans cette ville irrespirable pendant les fortes chaleurs nous met au supplice…
A l’issue de cette promenade, nous sommes partis vers le nouveau centre Culturel de la Ville appelé « Le Sud » pour une autre découverte. (à suivre)
J’étais heureuse à l’idée de faire une visite de la CAHEB (Coopérative Agricole des Huiles Essentielles de Bourbon) au Tampon le 18 février. Nous sommes sept personnes à avoir eu la même idée et à nous présenter à 15 heures mais on nous fait remarquer qu’en raison de l’humidité (le sol était mouillé) ce ne serait pas possible.
J’en profite pour acheter quelques flacons d’huile essentielle, mais m’étonne de ne pas trouver de vétyver de la Réunion : le vétyver vient de Madagascar.
Comme on peut malgré tout visiter le jardin, je me promène et rencontre un boug très sympa : Stéphano. Il est employé de cette coopérative agricole.
Après 10 ans dans le bâtiment à construire des murs de moellons, il s’est reconverti, a passé un diplôme au lycée agricole et c’est ici à la CAHEB qu’il travaille désormais. Il me raconte photos à l’appui qu’il plante et récolte chez lui le vétyver, qu’il en fait de l’huile essentielle.
Il travaille sur 7 ha de terres situées à la Ligne Paradis et près du Pont de l’Entre Deux à la Ravine des Cabris. Les terrains sont occupés par des plants de géranium rosat, de basilic… Il produit aussi des mangues et vient de vendre un pied de letchis…
La terre donne mais elle contient de la roche. Après avoir passé le tracteur, il pose l’arrosage puis le film et à quarante centimètres de distances, il plante des géraniums. Travail dur sous la chaleur qui ne rapporte pas toujours. Pour récolter, ils ont une machine qu’ils testeront cette année.
Son emploi à la CAHEB lui plaît, il trouve toujours à s’occuper et n’aime pas rester les bras croisés. Ce jeune papa de quatre enfants m’a plu par sa perception de la Nature qu’il se refuse à dégrader, il ne traite pas ses manguiers ni ses plantations…
Pour faire un lien avec l'article du blog publié hier, (cf blog 2025/01/16) qui concernait le raisin, parlons un peu de vigne ! Peu de gens savent qu’autrefois on produisait du vin au Tampon.
Noé Rivière, originaire de Bras Sec, écart de Cilaos avait quitté le cirque de Cilaos pour s’installer au Tampon où il a planté des vignes sur l’actuel parking de la grande surface de la Châtoire.
La première fois que je l’ai rencontré, en 2016, Noé m’a emmenée dans sa cave où était stockée une foule d’objets datant de cette époque : bonbonnes, bouchons, pressoirs, tonneaux, écouvillons…
Puis, de son bar, il a extrait une bouteille qui atteste l’existence de cette vigne !
Voilà un extrait du roman autobiographique que j’avais écrit pour lui, avec lui, avant qu’il ne décède.
Des Vignes au Tampon de 1974 à 1990
« Je plante des vignes. Je suis déjà installé, et mes vignes produisent quand Paul Badre, maire de l’époque classe la propriété en « zone verte ». Les ceps poussent en partie à l’endroit investi actuellement par la ZAC de la Châtoire. Quelques pieds d’Isabelle mais surtout des plants hybrides couvrent une surface de 10 000 mètres carrés.
Là est installé un chai de 500 mètres carrés où sont entreposés pas moins de 80 tonneaux que j’ai fait descendre de Cilaos ! La vigne donne annuellement 8000 bouteilles de vin ! Je possède aussi un terrain devant l’école militaire, terrain occupé aujourd’hui partiellement par un parking de supermarché.
L’élection d’un nouveau maire au Tampon en 1983 sonne le glas de cette activité viticole. La municipalité décide en 1990 de m’exproprier.
Après avoir perçu un dédommagement (qui me rembourse la clôture, les tuteurs, la récolte, les tuyaux, et tous les autres investissements …) , je quitte les lieux, le cœur gros. Auparavant, il me faudra, lors du passage de deux agents de la Répression des Fraudes vider 8 barriques de vin de ma récolte. Et cela, le jour de mon anniversaire ! La presse a compati et plusieurs articles intitulés « les Raisins de la Colère ».
Dans ma cave, au Tampon, sont encore entreposés les vestiges de cette époque révolue : des tonneaux (dont un énorme de 600 litres), un pressoir, des dames -jeannes …
Je suis nostalgique quand je revois les bouchons à l’effigie des « Rivière » et cet écouvillon en a rincé des bouteilles… »
HUNEZ, PIERIBATTESTI : de l’alambic à l’extracteur…
En 1982, les deux hommes s’étaient déjà associés pour concevoir un alambic nouvelle génération destiné à la distillation du géranium et du vétyver.
1984 L’invention d’un extracteur innovant par les deux chercheurs présente un intérêt commercial mondial.
Un contrat est bientôt signé en 1984 entre les concepteurs du projet d’extraction et la SOCIETE BOURBON INTERNATIONAL B.V représentée par Jacques de CHATEAUVIEUX.
« Les deux partenaires reconnaissent que le procédé d’extraction développé par les inventeurs représente un moyen original susceptible d’être utilisé industriellement pour la production de jus, ou d’essence de fruit, légume, ou autre produit… »
Dans ce contrat il est stipulé que « les inventeurs ont développé un procédé d’extraction pour leur propre compte et de manière à ce que leur pleine propriété de ce savoir-faire ne puisse être mis en doute… »
Le titre de propriété industrielle est délivré aux inventeurs.
Le groupe CHANE NAM est également très intéressé par ce procédé d’extraction (cf doc de presse avril 1984)
Dans le petit Musée de Grand Bois, Jean Paul, collectionneur d’objets lontan et de souvenirs, rend hommage à son oncle Julien ABRIEL, homme polyvalent !
Il en fait une figure marquante de Grand Bois. L’homme, comme tous ses congénères, ne rechignait pas à la tâche. On n’avait pas d’allocations de chômage à cette époque, et fallait travailler pour gagner sa vie. Quand on perdait un emploi, on en recherchait aussitôt un autre pour nourrir sa famille.
La biographie de « Gros Jilien »
Dans la biographie qu’en fait son neveu, tous ses états de service sont mentionnés. Et un volet est réservé à sa fonction de « gardien de canal », texte accompagné d’un schéma.
Extraction des huiles essentielles à la Réunion : déjà 42 ans !
Deux chercheurs de la Réunion s’intéressaient déjà en 1982 au développement d’un volet de l’économie qui allait devenir prometteur pour l’île.
C’est ainsi que M.Pierribattesti, universitaire, bientôt rejoint par Marcel Hunez, professeur de lycée, s’inscrivent dans cette démarche du développement des huiles essentielles.
Ils s’intéressent déjà à la distillation du vétyver en 1982. Le maître-assistant de l’université de la Réunion et l’enseignant très motivés impliquent les élèves du Lycée Amiral Lacaze dans leur démarche.
M. Sisco, assistant parlementaire de Wilfrid Bertile, en février 1983 demande au commissaire de la République, à titre exceptionnel, une subvention pour permettre à M. Pierribattesti de participer au IXe congrès international des Huiles Essentielles et d'y faire une communication sur le « Lantana Camara » (Corbeille d’or) pour l’intérêt qu’il représente sur le plan chimiotaxonomique. Georges Sisco précise dans son courrier que « la recherche sur les plantes à parfum revêt un caractère très important surtout dans la promotion des richesses naturelles du département."
En avril 1984 M. Pierribattesti et M. Hunez travaillent de concert avec des lycéens et déposent un brevet pour une invention révolutionnaire concernant l’extraction de la vanille à la vapeur d’alcool. En août 1984 un autre brevet est déposé concernant les jus de fruits et les légumes...
Très vite le projet suscite un engouement et un protocole d’accord est proposé à l’Industrielle sucrière de Bourbon en août 1984. Et l’aventure ne s’arrête pas là …(à suivre)
Cette biographie encore incomplète est née d’un assemblage de toutes les informations glanées sur internet ! (cf sources à la fin de l’article)
Son enfance
Sully fête ses 102 ans. Fils d’une couturière et d’un charpentier, il voit le jour le 7 février 1922 à Saint-André.
Il perd son père à l’âge de 6 ans, et la jeune veuve retourne vivre chez sa propre mère. Il apprend les rudiments de l’écriture et de la lecture dans une petite école non officielle tenue par sa marraine, Blanche Robert, à la Rivière-des-Roches (Bras-Panon). Petit, il aime déjà les livres. "Un livre représente les connaissances. C’est un bel objet, mais aussi un objet qui nous permet d’apprendre. J’aime lire depuis que je suis enfant. Ma marraine m’a appris à lire dans « son école marron » quand j’avais 5 ans." En 1936, il obtient son certificat d’études primaires.
Années d’apprentissage
À 14 ans, il devient apprenti artisan relieur. En 1936, le « Certificat » passé, il faut travailler. Sa mère le confie à M. Vénérosy, un artisan-relieur de Saint-Denis. Le gamin de 14 ans se passionne toujours pour le livre !
Après quatre années d’apprentissage, il se met à son compte. Grâce à la générosité du boulanger Jean Gautier, parrain de sa sœur, il ouvre son atelier de reliure le 4 juin 1940, à la rue du Four-à-Chaux à Saint-Denis.
La guerre
Le monde est en pleine Seconde guerre mondiale, et les Réunionnais ont d’autres préoccupations et d’autres priorités que la reliure. Faute de clients, il met la clef sous la porte et cherche éperdument du travail pour survivre.Il manque de matériel pour travailler. Alors, pour s’en sortir il a dû travailler comme maçon, sur les rails, mais également pour des ouvrages du célèbre Hippolyte Foucque.
Retour à la vie de relieur
Il reprend son activité de relieur dans les années 50. En 1952, le ciel s’étant dégagé dans une île devenue département français depuis 1946, Sully Argand retourne à ses premières amours
Durant toute sa vie de relieur, il a formé un nombre incalculable d’apprentis. Beaucoup d’amoureux des beaux livres reliés ont eu recours à ses services et en gardent le souvenir d’un travail remarquable par un homme exceptionnel.Il redonne vie et beauté aux ouvrages et documents divers ; il est autant artiste qu’artisan dans la dextérité déployée. Il pousse la curiosité à les ouvrir, à les compulser et à s’instruire. Il prend des notes et rédige son livre, de tous les savoirs glanés de La Réunion.
le travail de relieur exige minutioe, soin, précision, patience
La retraite : C’est en 1995 qu’il prend sa retraite.
La reconnaissance de l’Etat
Neuf ans plus tard, le 6 janvier 2004, il reçoit un télégramme du ministère des Outre-Mer qui l’informe qu’il va recevoir la Légion d’honneur, la reconnaissance suprême de la République . C’est René-Paul Victoria, député-maire de Saint-Denis, qui lui remet la croix de chevalier. "Je ne m’attendais pas. J’étais très surpris, mais très touché. Mi té tré fier", laisse-t-il échapper.
"Je n’ai plus une très bonne santé. Je reste à la maison, je lis la bible et je prie. Pour le reste, seul Dieu le sait."Photographie, timbres, généalogie, bibliophile...et plein d’autres plus intéressantes les unes que les autres. Il a publié son ouvrage " Fragments d’une mémoire centenaire", qui retrace plus de cent ans de fragments d’histoire commune. Sa mission était : "Transmettre les valeurs de l’épopée de la France dans l’île lointaine".
Une mémoire intacte
Son voisin le décrit comme un homme vif d’esprit dont la mémoire est toujours intacte. "C’est un passionné de photographie. Il a fait beaucoup de photos de monuments. Il a même immortalisé la venue de Charles de Gaulle sur l’île dans les années 1950. Il collectionne également des timbres et il est aussi un fervent catholique", souligne-t-il.
En plus de sa passion pour redonner un second souffle aux livres, Sully Argand a beaucoup écrit sur sa machine à écrire. Un livre contenant tous ses fragments de vie a été tiré à une centaine d’exemplaires...
Son secret de longévité ? Il nous l’explique par une très bonne hygiène de vie et une croyance inébranlable. Toujours en pleine forme et très bavard, la transmission de l’histoire et de la culture pour les générations futures est primordiale pour lui.
Le long de l’arboretum de l’Entre-Deux, un maçon est à pied d’œuvre. Comme il voit mon intérêt pour la technique de construction, il nous parle de son travail.
Il lui faut assembler des moellons (gros cailloux) sur une largeur de 40 cm.
Au préalable, avec une masse il casse les gros galets puis les taille pour donner une face plate à ceux qui seront sur le devant. Pour les assembler, il utilise un mélange de ciment et gravier. Ici le travail est complexe parce qu’il lui faut insérer de plus petits galets entre les gros de manière à ce qu’il y ait davantage de roches.
Chez lui à La Possession, les galets seraient plus faciles à utiliser car ils se superposent mieux et il n’a pas besoin de faire des rajouts. Le mur de soutènement qu’il construit actuellement pour lui a un mètre de largeur , mais il le fait à son rythme…
Après l’agencement des pierres, il faudra coffrer le haut pour finir par une plaque de protection en béton.
Cette tâche est assez pénible à la Réunion car il faut supporter les grandes chaleurs, mais M. Dijoux aime ce métier qu’il exerce depuis 40 ans et qui le fait vivre.
Hier soir, en revenant de la Brasserie de la Gare, nous avons rencontré des bénévoles de la croix Rouge- agence locale de St Pierre- qui étaient en service sur le front de mer.
Leur véhicule était garé le long de la rue Hubert Delisle et des nécessiteux avaient droit à un repas.
Nous avons bavardé avec les bénévoles qui nous expliquaient qu’ils étaient « en maraude * trois fois par semaine (le lundi, le mercredi et le vendredi). Le nombre d’indigents serait en nette augmentation. De plus en plus de femmes sont aidées.
Le champ d’action de la Croix Rouge est vaste : ils agissent à Grands Bois, à Terre Sainte, Bassin Plat, au Tampon, à St Pierre. On se relaye. Ainsi l’une des présentes nous confie qu’elle est là le lundi et que la Croix Rouge non seulement est sur le terrain pour apporter une aide alimentaire, mais elle collecte aussi des vêtements…
Le seul nom de bénévole que nous ayons pu connaître était celui du responsable : Michel. Les autres agissent en toute discrétion. Tout honneur à eux.
Bravo à ces braves qui donnent de leur temps pour venir en aide à leurs semblables.
*maraude : à la Réunion, on appelle ainsi les déplacements des organisations humanitaires en quête de public nécessiteux.