Quand on vous présente du gâteau sur l'île, ce sont la plupart du temps des petits cubes. En général, on cuit la pâte dans des moules rectangulaires et on la découpe à la sortie du four.
On pourra vous proposer du gâteau manioc, du gâteau ti son (maïs), du gâteau patate, (patate douce), gâteau conflore, du gâteau rouroute, ou encore du gâteau chouchou…
Ils sont délicieux, et comme ils sont plutôt « étouffe- chrétiens », c’est à dire très compacts et riches, l’idée de les couper en petites parts s’avère judicieux.
Les pieds de riz nourrissent la famille (cf article précédent). Mais quand on dit d’un Réunionnais qu’il a « un pied de riz », ce n’est pas forcément flatteur ! C’est que l’individu a trouvé quelqu’un, notamment une femme, qui le nourrit. Alors que lui mène joyeuse vie…
Si on veut ne pas être sexiste, on peut aussi dire d’une Réunionnaise qu’elle a trouvé « un pied de riz » quand elle a flairé l’opportunité de se faire entretenir !
Plantation de pieds de riz
Dans une chanson cocasse interprétée par Michel Adélaïde, : « Mon pied d’riz », on raconte le quotidien d’un insulaire qui profite dans vergogne des revenus d’une institutrice.
Le touriste qui déambule pour la première fois entre les rayons des supermarchés à la Réunion, est immédiatement frappé par une spécificité locale : on achète ici le riz par paquet de 10 kg !
"Actuellement, le consommateur réunionnais mange principalement du riz blanchoi (riz de luxe) à hauteur de 62 kg de riz par an et par habitrant contre 4kg par an et par habitant en France métropolitaine. La consommation de riz à la Réunion est relatuivement satble depuis 10 ans (aux alentour sde 50000 tonnes par an)" sources qualireg.org
On ne peut imaginer un mique nique familial sans riz...
Le piment est un incontournable dans la cuisine réunionnaise. Et les « zoreilles » qui ne se méfient pas en ont les larmes aux yeux…
On n'imagine pas manger le riz blanc sec quand on voit cette belle sauce tomate rouge qui vous invite à en napper les grains blancs... Et c'est la gorge en feu et les larmes aux yeux qu'on essaye d'éteindre l'incendie... Conseil : ne pas boire d'eau, aucun effet ! faut préférer un morceau de pain...
On les appelle « brèdes paillaterre » à la Réunion. La déformation des termes d’origine est très courante. Sur l’île. Ici les Petits pois deviennent des « tipois », les choux de Chine on les appelle « choutchines , on pourrait citer bien d’autres exemples…
Jolie l’image de plantes « paille à terre » ! Ces brèdes accompagnent souvent les caris sur l’île. Un jour, Véro et Olivier, mes amis du Tampon ont fait une fricassée de ces brèdes qu’ils avaient cueillies dans le Parc des Palmiers. Il paraît que ces plantes poussent très bien sur le continent. En fricassée cuites avec du beurre et de l’ail, c’est un régal.
Une cuisson à l'eau durant 10 minutes est conseillée pour éliminer les oxalates. Il faut jeter l’eau on peut consommer les feuilles, les pousses et les tiges tendres comme potage, dans les sauces ou les soupes, cuites avec d'autres légumes, avec un plat principal ou seul…
Préparer un ananas est une tâche à laquelle il faut être familiarisé. Les Réunionnais savent ôter les « yeux » de ce fruit, après l'avoir épluché, pour qu’il soit plus facile à consommer. Certains excellent dans cet art, en utilisant un couteau à large lame, d’ailleurs les vidéos sur ce sujet sont légion sur le net ; chacun y va de sa technique.
D’autres achètent des ustensiles plus sophistiqués pour prélever les parties dures du fruit. Vu au marché de Saint Pierre !
Pour aller au travail, aux champs par exemple, on emportait son carri ! Ce récipient a trois étages pour une raison bien précise. On l'appelle ici "garde-manger"
Un étage est réservé au riz, le second aux grains, le troisième au carri ! Ainsi les ingrédients ne se mélangent pas.
Si les anciens étaient en fer blanc, les plus récents sont en inox…
En évoquant cette découverte, j’ai eu un éclairage supplémentaire d’une amie qui a travaillé en Nouvelle Calédonie.
Il existait sur cette île « un service de gamelles », service effectué par des particuliers, des traiteurs, qui préparent les repas pour la semaine et le client va la chercher pour l’emporter au travail, mange son contenu, rapporte "la gamelle" et plus tard reprend la suivante… Et là chaque étage de ce contenant est réservé à l’entrée, au plat principal et au dessert…
On appelait d’ailleurs ce récipient fabriqué par les Chinois « la gamelle ». Ce sont aussi vraisemblablement les Chinois qui ont introduit cette "gamelle" à la Réunion. Plus écologique que les barquettes en plastique qui inondent l'île, c'est sûr !
Un jour que j’ai rendu visite à M. Petit, la connaissance d’une amie, celui-ci m’a montré une collection d’objets incroyables, bien conservés. Leur propriétaire ne se lassait pas de raconter l’histoire de chacun d’eux, comme le faisait autrefois le collectionneur du Musée du Bon Roi Saint Louis à St Philippe (musée qui hélas n'existe plus !).
Parmi tous ces objets, une belle pince métallique a attiré mon attention. Il m’explique qu’il s’agit là d’une « pince à sel ».
Il faut savoir qu’autrefois on achetait des pains de sel, des gros cônes et il fallait avoir chez soi des instruments robustes pour casser ces pains (hachettes, marteaux, pinces à découper, râpes…) Il en allait aussi ainsi pour le sucre qui était vendu en bloc. Il fallait taper, cisailler, écraser pour réduire cette masse et pouvoir la consommer.
Photo extraite de « C’était hier » volume 3 de Vaxelaire p.160
Finalement, cette pince pouvait peut- être aussi être une pince à sucre…
Invitée chez mes amis Olivier et Véro à Trois Mares, j’ai eu droit à un festin ! La légine est un poisson très fin des mers australes qui se déguste à la Réunion : c’est un morceau de choix dans les assiettes. Je n’ai aucun souvenir d’avoir mangé de la légine sur le continent…
Le poisson était accompagné de brèdes pariétaires « paille à terre » comme on dit ici, et de tranches de fruit à pain. Un délice. Mes hôtes en avaient cueilli le matin dans le Parc des Palmiers où ils ont coutume de marcher.
Et pour couronner le tout en dessert des letchis qu’ils avaient mis sous vide et qui avaient encore leur belle couleur rose…Un joli cadeau de bienvenue !