Lors de notre excursion dans le Sud Sauvage, à Grand Coude, l’association Pêcheurs Golet nous a emmenés un endroit charmant que son propriétaire Johnny Guichard nous a fait découvrir.
A l’entrée, un petit parking sur l’herbe, où le bus a pu se garer. On entre dans ce lieu par une allée bordée de bambous, au pied desquels pousse "le muguet péi".
Puis le maître des lieux nous explique le jeu de mots « en champ thé » en nous faisant remarquer que l’écriture de la pancarte est faite en graines de thé. De grands arbres ombragent l’endroit : ce sont des théiers. Si on ne les taille pas ces arbres peuvent atteindre une hauteur de 20 mètres !
M. Guichard, nous invite à le suivre. Nous sommes devant une parcelle cultivée : du géranium, des choux, des stévias, des piments… poussent ici et on s’interdit d‘utiliser des désherbants, d’où l’emploi de la feuille de plastique à la racine des plants. L’homme nous explique qu’il plante 4 types de géraniums : le géranium rosat (utilisé pour la distillation, et vendu comme fixateur de parfums, ou comme essence), le géranium poivré, le géranium citronnelle, le géranium au parfum de menthe : il distribue des feuilles qu’il nous demande de froisser pour en sentir le parfum.
Dans les années 70 on donnait aux agriculteurs 3000 francs pour arracher les géraniums et 5000 francs pour replanter autre chose. Et maintenant on fait marche arrière, et on subventionne de nouveau la plantation de géranium…
Quelques bizarreries nous intriguent, comme le stévia dont les feuilles sont sucrées - la plante est utilisée comme édulcorant - et comme ces piments en forme de cloches, d’ailleurs appelés « piments-cloches »
Nous poursuivons notre balade jusqu’à l’alambic. Là, notre guide explique comment on distille le géranium. Et très pédagogue, il fait la comparaison entre le caféier et le théier qu’il a fait pousser là en nous demandant d’observer les feuilles.
Non loin de là, des habitués des lieux sont en train de couper des brèdes chouchous. Il laisse aussi dans sa petite exploitation quelques bringelliers marrons (portant considérés comme peste végétale) car ces arbustes servent de tonnelle aux chouchous.
Devant les remparts, dans cette végétation verte, domestiquée et sauvage à la fois, se découpe un bel arbuste aux fruits rouges : ce sont des « tomates cerises ».
Un peu plus loin, M. Guichard vient de replanter des pieds de songe qu’il a associé à des choux.
On y voit aussi des feuilles de citronnelle ainsi qu’un un parterre d’agapanthes dont les tiges servaient autrefois à fabriquer des chapeaux, me confie Mme Abriel.
Nous terminons la visite guidée dans un sous-bois, très ombragé par de hauts théiers qui se sont greffés les uns aux autres par simple contact. Les troncs de certains théiers ont une écorce toute douce. Là, notre guide ramasse sur le sol des graines qui ont déjà germé pour nous les montrer. Le théier ne se bouture pas, il se régénère grâce aux semis.
Après cette demi-heure très instructive, il nous invite à nous promener dans le labyrinthe des théiers. Chacun y fait un petit circuit, il n’est pas facile de s’y perdre, toutes les petites allées convergent et quand une quarantaine de personnes y bavardent, on ne se sent nullement abandonné ! Il y fait bon déambuler, car le terrain n’est pas trop accidenté. Et par les fortes chaleurs de décembre, il doit y faire plus frais que sur la côte !
A l’issue de la visite, nous avons eu droit à une dégustation de thé blanc. Et ceux qui le souhaitaient ont pu acheter des essences, du thé, du miel, et même des chouchous ou des brèdes.
On est agréablement surpris par la variété des informations qu'on glane en venant ici ! Si "le thé" est le sujet essentiel de la visite, on comprend très vite pourquoi notre hôte veille aussi à faire connaître les autres plantes locales qui ont fait l'histoire de Grand Coude. D'ailleurs, ce jardin s'appelait jusqu'en 2005 "labyrinthe des sens" !