Pour les Journées du Patrimoine, un passage obligé, parce qu’exceptionnel dans l’île : monter dans une micheline restaurée par une association méritante, et faire l’aller-retour La Grande Chaloupe – Possession ! Pour 4 euros seulement, un voyage inédit dans le temps !
Un passionné, Gérard Chotard, vous invite à monter dans le wagon, se met aux commandes et c’est parti ! Neuf kilomètres au total dans un train de 36 places aux sièges rénovés, un train rouge qui siffle et qui vous berce de son « tchou-tchou ».
Sur une centaine de mètres, il circule à l’air libre, longe le lazaret, et soudain s’enfonce dans un tunnel d’outre-tombe : un tunnel étroit -pour un seul train- où la roche est brute. Parfois on voit des chauves-souris s’enfuir dans le halo des phares, des chiffres peints sur la paroi doivent marquer les kilomètres, à trois reprises une bouche de lumière. Pas question d’être claustrophobe pour entreprendre cette excursion !
Pour les enfants présents, c’est une aventure. Quand le conducteur éteint les phares, place aux hurlements, quand le train revoit la clarté du jour, ce sont des cris de joie. Parfois, les marmailles imitent les bruits de la micheline. Imperturbable, le conducteur a les yeux rivés sur son tableau de bord.
Certains passagers descendent à la Possession, ce sont des randonneurs venus à La Grande Chaloupe par le Chemin des Anglais. Bonne idée que celle d’allier la marche à la découverte d’un fleuron du patrimoine. Pour revenir au point de départ, Gérard Chotard change de place et s’isole dans une cabine à l’avant. C’est reparti ! Une moyenne de 18 km/heure, plus vite qu’à pied…
On peut regretter que l’Etat n’accorde pas davantage de d’intérêt – et de subventions- à cette association, surtout à l’heure du développement touristique. Si une locomotive et deux michelines ont peu être restaurées, il reste encore de quoi faire pour redonner ses lettres de noblesse au chemin de fer, qui a été crucial pour le développement de l’île avant l’invasion de l’automobile. Quelques établissements scolaires, grâce à l’initiative de d' enseignants, ont participé à la remise en état des machines, et les mécaniciens de l’association ont fait bénéficier les jeunes de leur savoir-faire. Mais le train fera-t-il un jour vivre ces jeunes, que ce soit dans le domaine du tourisme ou du transport ?