Encore une appellation saugrenue, me direz-vous. Déjà qu’ici on appelle certains villages le 19e, le 14e… voilà que les bassins ont aussi des matricules ! En fait, un seul bassin a un nom suivi d’un nombre à la Réunion.
Mercredi dernier,quand j’étais à Grand Bois à mon stage de tressage de vacoa, j’ai demandé aux braves dames qui venaient là faire profiter les novices de leur savoir-faire, si elles étaient originaires de la Cafrine. L’une m’a dit, « Je viens de La Ravine des Cafres », l’autre « Moi, je suis née à Grands Bois » et une autre « Moi, j’habite à Bassin 18 ». Ce n’était pas la première fois que j’entendais ce nom.
Le Bassin 18
Piquée par la curiosité, j’ai demandé à cette dernière l’origine de ce lieu-dit. En fait cette appellation résulterait d’une erreur de transcription : « Le Bassin des Huîtres » est devenu le Bassin 18 (dix-huit). Le créole ne prononce pas les « r », il dira : « bassin des huit’ » Et voilà, le tour est joué, l’énigme est résolue. Elles me racontent qu’autrefois toutes avaient coutume de fréquenter ce bassin bleu pour chercher des moules et des huîtres, de petites huîtres, pas comme celle qu’on vend en métropole. Elles ajoutent qu’il faut absolument voir l’endroit rien que pour la couleur de l’eau, une eau turquoise, et m’indiquent comment y accéder : il faut emprunter l’ancienne route qui menait à Grands Bois, depuis l’hôpital, on se dirige vers Grands Bois, mais on bifurque au panneau indiquant « Ravine des Cafres ».
Au retour d'une promenade, François et moi, nous nous y arrêterons quelques jours plus tard. Avant le pont étroit qui enjambe la ravine, sur la gauche un petit parking. Nous descendons de voiture pour admirer ce lieu sauvage.
Un petit sentier, à droite avant le pont, passe dans une zone herbacée qui couvre la roche noire volcanique résultant de l’éruption du Piton Mont vert (éruption vieille de 20.000 années)
On domine le gouffre, qui s’ouvre sur l’Océan. Dans les rochers nichent une foule d’oiseaux. Du bassin situé sous le pont part un ruisseau qui se jette dans la mer au milieu des éboulis de roche friable.
Deux pêcheurs téméraires, au bas de la falaise, surveillent leur flotteur.
Nous apprendrons quelques jours plus tard, par Geneviève, une de nos connaissances, que des légendes circulent au sujet de ce bassin, et qu’on interdisait aux enfants de s’aventurer là. Il est vrai que l’accès n’est aucunement sécurisé, je n’irais pas m’y promener avec des enfants, mais quel bel endroit pour se reposer et méditer ! De là, on voit vers le sud le rocher de Petite Ile, au nord Saint Pierre, à main gauche la ravine des Cafres et le Piton.