Sur l’île on ne peut se passer de savate deux doigts, traduisez « semelle qui se glisse entre deux doigts de pied », ou tout simplement « tong ». Autrefois on marchait les pieds « parterre » , l'expression trouvée dans une copie d'élève m'a fait sourire- Elle signifie en créole "on marchait pieds nus" . Mais on a fait des progrès depuis en adoptant la savate.
Ce qui m’a surpris en allant à l’école, c’est que seules les filles mettaient des sandalettes. Les garçons n’ont jamais les orteils à l’air : un collégien m’a expliqué que « ça ne se faisait pas » ! En fait cela doit relever du prestige, peut-être témoigner de l’ascension sociale : par conséquent les adolescents chausseront des baskets, ou d’autres chaussures, mais toujours des chaussures fermées !
Quelle variété aussi dans les savates deux doigts ! On en voit de toutes les couleurs, de toutes les matières, avec des paillettes, des dorures, des ornements… et à tous les prix.
A plusieurs reprises j’ai vu des filles en grande difficulté parce que l’une des savates s’était cassée : la première victime est rentrée chez elle, pieds nus, la seconde je l’ai envoyée chez un agent du collège qui lui a rafistolé et collé la chaussure.