Après notre déjeuner, pour éviter de nous refroidir, nous reprenons la marche.
Le sol est jonché de petits calices blancs que la pluie a fait tomber : il s’agit des fleurs de l’osto-café. Egalement endémique de la Réunion, cet arbrisseau, de la famille des rubiacées, (gaertnera vaginata, en latin) qui peut atteindre 7 mètres a une écorce sillonnée, des feuilles luisantes. Leur nervure centrale peut être orangée.
Les fleurs blanches, charnues et odorantes, ont un tube basal et cinq lobes étalés. Les fruits – deux grains- naissent au fond d’une cupule, ils sont bleu-noir, aplatis comme le café.
Nous pressons le pas, comme des fantômes. Ne sommes – nous pas la veille du 1er novembre ? Tenue tout indiquée pour Halloween. Des mains de fougères descendues du ciel semblent vouloir nous emprisonner.
Bientôt une petite touche de couleur : des baies qui pourraient bien être notre dessert. Paraît qu’elles se mangent, mais la méfiance est de rigueur pour les non-connaisseurs, et le temps est compté ! Cet arbuste est le Bois de Noël ou Ardisier crenata. Parfois utilisé pour la confection de superbes bouquets, cet arbrisseau aux fruits d’un rouge vif, et aux rameaux d’un vert éclatant, se plaît dans les sous-bois. Il jalonne tout notre parcours dans la forêt. (Ti Yab a prouvé aux marcheurs qu'elles étaient comestibles, il doit encore être de ce monde à cette heure !)
Une trouée, un paysage voilé. Dommage ! Nous appelons de nos vœux un ciel bleu que nous ne verrons pas. Faut se faire une raison. A la faveur d’une petite éclaircie, nous faisons une courte pause, le temps d’admirer, comme François et Tit Cafrine …
….une toile de bibe. L’araignée a tissé un fil gigantesque qui file au – dessus de nos têtes. Quelle chance, tout le monde est là, c’est le moment de faire la photo de groupe !
Les randonneurs des Jolis Pas "mouillés" au complet (dont 1 hors-champ...)
Et nous voilà repartis pour la descente, en pente douce cette fois-ci, mais le sol reste glissant. Aude dérape sur des roches humides. Heureusement que l’équipe est prévoyante : on propose de l’arnica, du gel à la blessée, mais le président, plus rapide, bombe l’infortunée d’un jet froid. C’est donc d’un pas moins alerte et plus mesuré que l’équipe reprend la route.
Bientôt les arbres sont plus nombreux. Nous sommes dans « la forêt dégradée » comme l’annonce un panneau de l’ONF. On y explique que l’agriculture a défriché et que les sols pauvres ont vite été abandonnés et c’est là que les goyaviers et les jambrosades se sont développés. Considérés comme des pestes végétales, ils présentent cependant l’intérêt de protéger le sol et préserver les ressources en eau. Le forestier y replante des arbres à croissance rapide, qui dans une cinquantaine d’années seront remplacés par des espèces locales comme le bois de natte, le corce blanc, le bois de fer…)
fruit et fleur du jambrosade
Progressivement nous quittons les sous-bois et le chemin très raviné nous oblige à faire des pas de danseuses, il faut éviter les ornières et les dérapages. Nous arrivons ensuite sur une route bétonnée qui serpente entre des champs de cannes. De temps à autre des arbres isolés : un manguier, un jaque, des bois de chandelles (ces derniers limitaient les parcelles) .
Au loin, des bâtiments de ferme. Le long de la route à droite des champs d'ananas... De jolies fleurs qui sont celles du solanum torvum (de la famille du bringelier marron)
Jean – Jacques disparaît dans un fossé, puis réapparaît avec une canne à sucre qu’il épluche et coupe. Il propose à deux nouveaux inscrits, en visite à la Réunion, de goûter ce bonbon. Il attire aussi leur attention sur un cardinal tout rouge qui volette au-dessus du champ.
Hélène qui ferme la marche et ramasse les dernières flèches bleues laissées par le premier groupe, entonne un chant pour motiver le reste de la troupe.
Avant 15 heures, nous sommes au point de rendez-vous, mais le bus n'est pas encore là ! Nous pouvons, depuis notre muret, refaire l'itinéraire en regardant les sommets que nous venons de quitter, mais les hauteurs sont encore très couvertes. Crottés, nous rêvons d'un bon bain chaud.
Au fond, le dénivelé de 700 mètres et les 17 km de sentiers