Si on dit ça aujourd’hui à son jeune, c’est pour qu’il baisse le volume de sa sono ; si on le disait à un Réunionnais on lui interdirait de « construire sa case » ! Ce n’est pas le moment… avec la crise du BTP…
Eh oui : le « boucan » à l’origine était une paillotte ! On retrouve ce mot dans le nom d’une ville jouxtant St Gilles. Tous les amateurs de baignade connaissent la plage de Boucan-Canot. Les locaux ont aussi coutume d’acheter du « boucané » une viande fumée salée, qu’il s’agit de bien dessaler avant cuisson. Le boucan doit avoir un rapport avec le feu, le fumoir, le foyer (tout simplement)
Découvrant un véritable eden, les premiers habitants de l’île (arrivés vers 1645) fabriquent pour s’abriter des huttes sommaires « les boucans ». Elles sont construites avec de larges feuilles en éventail, celles des lataniers rouges (latania lontaroïde) Cet arbre endémique de la Réunion disparaîtra progressivement en raison de l’extension des cultures. Les malgaches appellent ces habitats des « ajoupas ».
On cuisine à l’extérieur ! De nombreux créoles ont encore coutume de faire leur repas dans une cuisine lontan (cuisine d'autrefois) hors de la maison sur du feu de bois. Certaines associations reconstruisent « les boucans » pour faire connaître le patrimoine. Nous avons vu ce type d’habitat au Maïdo, à l’Ilet Alcide, et hier au Conservatoire Botanique.
Un boucan à l'îlet Alcide Un boucan au Conservatoire Botanique
Plus tard ils bâtissent des maisons plus élaborées *en pay fatak. . Ils dorment à même le sol, ou bien sur des « gonies » (nom indien qui désigne la toile de jute) ou parfois sur des lits fixés qu’on appelle « lit court pas » : forcément... on ne peut le déplacer : les pieds sont des piquets enfichés dans la terre !
*La pay : ce sont des feuilles sèches généralement, de vétiver, de canne à sucre, de maïs...
* fatak : une graminée proche du roseau avec laquelle on fabrique aussi des balais.
Finalement il doit s'agir tout simplement de tiges et de feuilles sèches.
la hutte en pay fatak au Conservatoire Botanique
Ceux qui habitent la forêt réalisent des maisons ressemblant à celles des trappeurs, en gros madriers de bois rouge et de natte ; ces habitats sont peu meublés, un coffre fait office d’armoire, et les réserves sont construites sur pilotis.
Les huttes ont fait place aux maisons en tôle en 1962. On en voit encore de nombreuses sur l'île, même dans les zones les plus huppées, comme St Gilles. On se demande comment pendant les grandes chaleurs les gens peuvent vivre dans ces espaces . Parfois les conditions de vie précaires de leurs habitants, font la Une des quotidiens, comme c'était le cas le 8 septembre 2009 ! (voir lien)
http://www.jir.fr/index.php?id_article=221121&page=article