Nous avons participé aujourd’hui à une visite guidée au Conservatoire National des Mascarins de Saint Leu, parcours qui présentait les plantes endémiques de l’île et expliquait le pourquoi des déforestations successives opérées au fil des siècles.
D’abord, ce sont les plantations de café qui portent un coup à la forêt : la notion de propriété apparaît, et la Compagnie des Indes impose sa loi : elle laisse 1/3 de la récolte aux colons et s’accapare les 2/3 restants. De 1705 à 1810 on exporte le café de Saint Leu.
Puis ce sont les épices qui occupent les terrains. Pierre Poivre, intendant des Mascareignes acclimate les épices : on plantera poivriers, muscadiers, canneliers, girofliers. On cultive aussi la cadamome, le laurier, le kaloupilé, le quatre-épices…
Plants de café au Conservatoire Quatre-épices et poivriers au Conservatoire
Une troisième vague de plantations donne le coup de grâce à de nombreuses zones boisées : c’est l’introduction de la canne à sucre.Les champs de canne sont délimités par des arbres appelés bois de chandelle. En 1785 apparaît la première sucrerie et le sucre prend une place capitale dans l’économie réunionnaise à partir de 1815.
Champs de cannes près du Bras de Pontho 2009
Puis au-delà de 1000 mètres, on va introduire vers 1870 le géranium pour le distiller et en faire des huiles essentielles. Cette culture nécessitera aussi un espace important. Il sera planté sur les collines du sud : ainsi la forêt du Tampon disparaît. Si nous étions venus sur l’île avant l’époque du géranium nous aurions vécu au milieu de bûcherons. Pour le géranium, il en existe encore de nombreuses parcelles, mais c’est la progression de l’immobilier qui a changé le paysage de cette montagne.
champs de géranium au Piton Hyacinthe 2009
70% de la forêt réunionnaise a disparu, 30% sont encore intacts mais menacés aujourd’hui notamment par les pestes végétales comme les goyaviers, la vigne marronne … Les seuls moyens de combattre ce fléau sont la prévention, puis la lutte mécanique, la lutte chimique –avec ses limites et la lutte biologique.