Sur l’île on ne peut vivre sans cette radio ! Impensable en métropole. Cette station fait ici le travail du curé, du travailleur social, du policier, du garde-champêtre, du notaire, de l’avocat. ..
C’est une radio à multiples facettes qui est contactée toute la journée pour des problèmes de tous ordres. Quand le grand-père a disparu et erre dans les champs de canne parce qu’il a perdu la tête, un coup de fil à cette radio et dans le quart d’heure qui suit, on le retrouve. On peut aussi téléphoner pour se plaindre qu’un oiseau mort a été trouvé dans un gros sac de riz, ou pour dire qu’on n’est pas d’accord que la fille d’un homme politique se fasse payer pour un travail qu’elle ne fait pas, pour dire que son mari rentre ivre et se montre violent, pour dire qu’à la cantine son enfant ne mange pas assez parce qu’il est rationné, pour dire qu’une voiture volée traîne devant la case… Ces petits potins parfois sont un régal et parfois énervent. Ainsi, moi, ça m’amuse, mais François, ça l’agace !
N’empêche qu’on est prévenu bien avant quiconque qu’à tel endroit un camion bloque la route, qu’un radier est infranchissable à telle heure, que l’école de Saint … sera fermée pour telle raison.
Ce qui est succulent aussi, c’est que l’auditeur s’exprime indifféremment en créole ou en français, ou en mélangeant les deux, qu’il pousse des coups de gueule, pleure, parle posément ou se moque gentiment : tous les états d’âme se succèdent…
On sait aussi que dans le voisinage, telle personne vient de décéder et à quelle heure le cortège funèbre partira vers l’église. Si on fait l’impasse, on passe évidemment à côté de la vie réunionnaise…. Une collègue m’a aussi confié que son mari z’oreilles avait appris le créole en écoutant Radio Freedom !