Avant l’arrivée de la « Fée Electricité », les Réunionnais avaient coutume de s’éclairer à l’aide de lampes de fortune : on prenait par exemple une bouteille dans laquelle on versait du pétrole, puis on y trempait une mèche qui passait dans un système posé sur le goulot, système qu’on appelait « bobèche ». On disait qu’on s’éclairait à la bobèche*…
Comme le pétrole était cher, les familles dînaient avant le coucher du soleil (économie oblige...). On faisait ses devoirs à la lueur de ce maigre filet de lumière. La combustion du pétrole qui émettait une fumée puante, noircissait les murs, les plafonds, et le matin quand on se mouchait, c’était « noir » aussi, explique Jean Paul Abriel.
Félicia Payet, une habitante de l’Entre-Deux m’a confié hier après-midi, que dans sa jeunesse, elle s’était abîmé les yeux en brodant « les jours de Cilaos » à la lueur de ces bobèches.
* Là encore, on assiste à un glissement de sens. En réalité « la bobèche » était un disque qui récupère la cire des bougies, mais aussi ce morceau de tube cylindrique par lequel on passe la mèche et qui est cerné par un disque plat.