L' ouvrage Regard d'un Créole sur la France écrit d’après le « Journal de voyage d’Henri-Paulin Panon-Desbassayns » voyage effectué du 20 décembre 1784 au 17 juin 1786 a été présenté par son auteur au Centre Culturel Lucet Langenier le jeudi 2 août.
Jean Pierre La Selve, invité par L’Académie de l’Ile de la Réunion (fondée en 1913) et le Pôle Valorisation du Patrimoine de Saint Pierre, a apporté à une assistance captivée un éclairage intéressant sur « ce tourisme en France » relaté dans les écrits de ce personnage, époux de Mme Desbassayns. Un éclairage sur les motifs de ce déplacement : visite à ses enfants qui étudient à Sorèze, voyage d'affaires, découverte des villes (Lorient, Paris, Toulouse…) retrouvailles de cousins…
Pour cet homme, qui voyageait en voiture de poste, tout est source de curiosité : une vache qui donne 20 litres de lait, alors que les siennes en produisent le dixième ; des blancs qui travaillent sans rémunération (la corvée) ; du beurre en mottes... Il y découvre aussi le monde de l’art (sculptures dont la Vénus Callipyge), l’architecture, la musique (l’opéra) et les instruments. Dans ce journal, il parle des rencontres, de la cuisine, de l’éducation, des loisirs… d'un univers que les insulaires ne connaissent pas.
Avant de rentrer au pays, il fera d ‘ailleurs provision de grègues, achètera deux pianos et une harpe… mais il rapportera surtout ces textes, documents précieux pour comprendre ce qui se passe en France à cette époque et pour entrer dans la psychologie d’un Créole de l’époque.
A l’issue de cette conférence qui a duré plus de deux heures, J.P. La Selve s’est entretenu avec le public et a dédicacé à qui le souhaitait son livre publié aux Editions Azalées.
L’auteur, à la fin de son ouvrage, rend hommage "au remarquable travail de restitution et de documentation accompli avec une grande précision par Mme Annie Lafforgue, Mme Christine de Villèle et Jean Barbier, responsable de l’édition du Petit Journal par le Musée Historique de Villèle en 1990, une édition qui met à disposition du grand public les différents carnets de voyage de M. Desbassayns". C’est grâce à ces documents que Jean Pierre La Selve a pu entreprendre ce travail universitaire.
« Porter un regard créole sur le France » ou « porter un regard de zoreil' sur la Réunion » comme je le fais dans ce blog, au quotidien, procède de la même motivation : écrire pour faire partager un vécu marquant qui vous construit (à la seule différence que les lecteurs en 1784 ne devaient pas être très nombreux)
Ce qui me frappe dans ces conférences culturelles, c’est que le nombre de créoles qui y assistent est relativement faible. Pourquoi ? à mon avis, c’est que le sujet ne les intéresse pas, et ils ne souhaitent peut-être pas raviver le souvenir des « gros blancs » propriétaires terriens. Ce pourrait être une explication.