Ce soir, à l’amphithéâtre de l’Université du Tampon, nous avons eu la chance d’assister à une conférence animée par quatre caricaturistes très populaires : PLANTU, SOUCH, POV et CARO.
Les quatre dessinateurs de presse, caricatures à l’appui, ont parlé de leur travail : de leur inspiration, de la provocation et de ses limites, des relations qu’ils entretenaient avec les différents rédacteurs de presse, du choix des sujets, des pressions, de la nécessité de produire, de faire naître la prise de conscience et le débat autour de leur vision du monde, de la liberté d’expression, de la tolérance,
Dans ce lieu d’échange, où s’étaient retrouvés de nombreux passionnés du dessin de presse, nous avons assisté à une séance décontractée, organisée par les Amis de l’Université, séance au cours de laquelle les dessinateurs ont parlé le même langage avec une réelle complicité et dans la bonne humeur !
Souch, Pov, Caro et Plantu, unis dans un même combat !
Si Plantu n’est plus à présenter, ses comparses n’ont pas encore cette notoriété, du moins en France : Souch, est le dessinateur du Journal de l’île (JIR)et ses croquis sont toujours un régal pour nous, lecteurs de ce quotidien local ; Pov (William Ranaivoson) est un dessinateur de presse malgache croquant également des caricatures pour l’Express de Maurice ; Caro (Caroline Rutz) est dessinatrice du magazine économique PME en Suisse et de l’hebdomadaire satirique "Vigousse". Tous les quatre font partie de l’Association CARTOONING for PEACE, créée par Plantu en 2006 avec le soutien de l’ONU.
Rappelons que pour ceux qui l’ignorent que Plantu, de son vrai nom Jean Plantureux, était journaliste au « Monde Diplomatique », actuellement, il dessine pour « Le Monde » et « L’Express ». C’est un génie du crayon. Pendant la séance, il a illustré ses propos par une douzaine de caricatures dessinées au pied levé sur un transparent, projeté sur l’écran de l’amphithéâtre : une imagination débridée, mais toujours efficace.
Caricatures commentées par Plantu
Pendant près de deux heures, où les auditeurs ont été invités à poser des questions, ils ont dit le bonheur et la difficulté d’être dessinateurs de presse. Il faut qu’une confiance réciproque existe entre rédacteur et dessinateur, parfois on peut essuyer des refus de parution : par exemple à la Réunion, les illustrations raillant la religion catholique ont "très mauvaise presse", à Maurice, il faut éviter de dessiner la nudité. D’autres fois, il faut changer un détail du dessin pour ne pas heurter les sensibilités : on ne fait pas de Martine Aubry un éléphant, on peut écorcher le président Sarkozy, lui donner les formes les plus fantasques, de la guitare, au bec de gaz, mais toujours rester pudique. Pov raconte qu’ à Madagascar le dessin du Père Noël blanc offrant un 4X4 à des enfants noirs a été interprété comme un dessin raciste, donc interdit… Les journalistes sont soumis à des pressions tous les jours, mais Plantu soutient l’idée qu’il faut se battre pour ses opinions et bousculer le « principe de précaution ». Une cinquantaine d’images créées par les artistes présents, mais aussi par des caricaturistes israéliens, palestiniens… ont été projetées et commentées pendant cette rencontre fructueuse.
Une rencontre de qualité que nous prolongerons par la visite de la médiathèque du Tampon où se tient actuellement l’exposition de ces dessinateurs : une centaine de dessins à voir absolument !
Dire qu'il faut être à la Réunion pour faire la rencontre de personnages aussi mythiques que Plantu ! Une chance que nous n'aurions certainement pas eue en métropole, dans notre Lorraine natale.