Lokaro – Bé (Grand Lokaro) se compose de quelques cases de pêcheurs. Ces petites habitations dont les murs sont en nervures de ravenales et le toit en feuilles du même arbre, ne contiennent qu’une seule pièce de dimension modeste, la chambre des parents est séparée par un rideau de tissu. Le sol est couvert de nattes en jonc tressé, les habits sont accrochés à des cintres fixés au plafond.
le ravenale, la base de toutes les constructions
Dans ces maisons, pas d’eau courante, ni d’électricité, ni de salle d’eau, pas de WC non plus. On s’éclaire encore à la bougie ou à la lampe à gaz. On prend l’eau au robinet installé au milieu des huttes pour se laver. La douche et les toilettes sèches installées par les associations n’attirent pas grand monde…
L’école, construite par Zanaky-Lokaro, suscite des convoitises : les enfants des villages voisins y viennent à pied malgré la longueur du trajet. Les instituteurs, M. Patrice et M. Valéry, qui encadrent deux classes d’une quarantaine d’élèves (chacun) ont bonne presse !
L'école et son tableau : le dicton de la semaine "l'Union fait la Force"
Deux citernes pour alimenter le village en eau ont été construites, l’une sur une hauteur, l’autre près d’une source. Seule, la première fonctionne - avec des ratés parfois – mais AAHL a des projets à court terme pour améliorer le pompage.
les deux citernes de Lokaro
Un groupe électrogène fonctionne occasionnellement, pour faire un éclairage public à l'occasion des fêtes, comme celle du Nouvel An, et pour faire fonctionner des machines (perceuse, scie, pompe…)
Pour cuisiner, chaque foyer dispose de braseros appelés ici « fatapers », ce sont des réceptacles de charbon de bois ou de bois, en métal.
Pour laver le linge, les femmes ont à leur disposition un lavoir – avec eau courante- installé à proximité des habitations. Cette construction est aussi équipée d’une douche et d’un WC .
Olivenette au lavoir
Deux pirogues appartenant à la communauté assurent le transbordement des marchandises sur l’autre rive ainsi que le transport des passagers. Les gens de Vaturuk et de Vitaper passent aussi par là. Ces embarcations sont aussi utilisées pour la pêche, ressource essentielle du village.
Lokaro n’est pas un village d’agriculteurs et le problème est que l’on y cultive essentiellement le manioc (qui demande peu d’entretien), on se nourrit parfois de brèdes, et souvent de fruits du natte.
Raled dans le champ de manioc
Le riz, qu’on cultive dans le village voisin, ou qu’on fait venir de Fort Dauphin, fait aussi partie de l’alimentation, mais il est cher !
Depuis peu, on y a introduit des arbres fruitiers (papayers, goyaviers, bananiers, letchis…) On incite les habitants à semer des salades, des carottes, des tomates, mais ce n’est pas encore gagné, il faut changer des habitudes séculaires et comme il n’existe pas d’arrosage automatique, il arrive parfois qu’on oublie de donner de l’eau à ces plants…
Pendant notre séjour, avec les enfants, j’ai semé des haricots rouges (salamach) : chacun a semé en poquet trois graines, a refermé le trou puis arrosé sa plantation… Christian, passionné de jardinage, et qui nous a rejoints ici, continuera cette œuvre au mois de février…
D’autres constructions complètent le tableau : deux bungalows ronds en dur et deux cases traditionnelles dont l’une est équipée d’une petite cuisine. C’est là que vivent les membres de l’AAHL qui viennent y travailler.
N’oublions pas la réalisation d’importance du moment : la Case-Santé qui est en voie d’achèvement (à suivre)