Chez Julia Robert à la Plaine des Palmistes (1)
Brigitte, la fille de Julia, nous a fait rencontrer sa maman. J’ai eu la chance d'être invitée chez cette dernière, samedi, dans sa petite case de la rue Richard Adolphe. Julia Robert est une dame 90 ans encore très alerte et très heureuse de partager son savoir-faire.
J’ai ainsi pu apprendre une technique en voie de disparition : le travail de la tige d'agapanthe. Comment travailler cette plante pour en confectionner une capeline ?
D'abord, se procurer le matériel...
En passant par la Plaine des Cafres, où pousse l'agapanthe, cette fleur à la hampe florale bleue ou blanche ( un peu comme la fleur de l'ail), j’ai coupé une trentaine de tiges. Quand floraison se termine, il est bon de couper ces tiges à la base pour une meilleure repousse.
J’ai conservé les tiges seules et me suis rendue à la Plaine des Palmistes. La cueillette a été déposée devant la case de Julia, qui s’est installée sur un petit tabouret à l’ombre. La gramoune a posé un chiffon humide sur l’un de ses genoux, a saisi une tige et nous a expliqué la technique pour prélever des lanières de cette plante.
Avec un couteau, il faut d’abord frotter ce “bâton jour de l'An” (comme on l’appelle ici). Une fois que toutes les fibres vertes ont été enlevées, on obtient un bâtonnet nu, blanc . Il s’agit de le fendre en deux sur toute la longueur.
Et là, commence le travail le plus fastidieux : on pose la moitié de bâtonnet à plat sur le genou et en maintenant le couteau à la même place, on fait glisser l’intérieur de la tige de bas en haut : on râpe les fibres internes, mais pas trop, juste ce qu’il faut.
Ensuite, on dédouble cette demi-tige en veillant à bien placer les pouces pour ne pas déchirer la lanière externe qui est très fine, c’est cette dernière qui servira à confectionner les tresses. Il faut qu’elle soit blanche et lisse.
Inutile de laisser sécher, comme on le fait pour le vacoa. On peut l’utiliser tout de suite. Mais l’apprentissage de cette technique du “dédoublement” est vraiment complexe. Il faut s’armer de patience. Comme dit Julia “C’est en forgeant qu’on devient forgeron”. Pendant cette séance, elle aussi trouvé le temps de nous a jouer des airs lontan à l'harmonica et de nous chanter des chansons.
Nous étions 8 élèves à être initiés par Julia : Brigitte, sa fille, Yoland son gendre, Monique, et des amies de Brigitte : Marie Thérèse, Marie Hélène, Laurence, Monique et moi. Huit personnes prêtes désormais à perpétuer la tradition,...disons plutôt prêts à se perfectionner pour pouvoir la perpétuer.
Un grand merci à cette adorable gramoune qui a consacré toute une après midi à nous dispenser cette technique et qui a hâte de nous enseigner le tressage et l'assemblage du chapeau.