Si en ville, dans certains quartiers, on peut trouver de l’eau courante, il n’en est pas de même dans les villages de brousse. Pour nous Européens, c’est une vraie remise en question de nos pratiques.
Enfants le long de la piste menant à Lokaro
Ainsi, à Lokaro, pendant trois semaines, nous nous sommes contentés d’une douche froide mais nous pouvions nous estimer heureux d’avoir une douche dans nos cases, ce n’était pas le cas des habitants du village. Ce n’est pas tout à fait vrai, car une association a construit une douche collective, carrelée, pour les familles d’ici. Pourtant, partager une douche où d’autres étaient auparavant n’est pas une pratique ancrée dans leurs habitudes. Il fait croire qu’ils se contentent des bains de mer.
Dans le village ont aussi été installés des points d’eau (avec robinet) et c’est là que tous s’approvisionnent et parfois lavent leurs enfants. Parfois, les plus petits prennent leur bain dans une bassine. Il faut dire qu’à Lokaro, ils ont la chance d’être alimentés par une citerne construite par l’association AAHL. Les noms des financeurs figurent sur la maçonnerie : Patrick, Tamine, Adnot.P, Alain, Eric W, Albert W, Chorale Villancico, Air Mad Nicolas, Mampihao DRDR, Murielle. Les noms des maçons également : Joseph, Christian, Marten, Norise.
Parfois, la pompe a des ratés et nécessite des réparations. Gervais et Martin, gardiens des citernes, veillent au grain. Convoités, ou jalousés, ces progrès techniques encouragent parfois le vol. Une éolienne de pompage se serait déjà volatilisée. Cette année, le village n’a pas encore eu à souffrir de la sécheresse : les réserves étaient suffisantes, grâce aux pluies tombées fin décembre. Les deux puits étaient bien remplis.
la deuxième citerne et ses gardiens le puits
le lavoir
Pour laver le linge, nous ferons comme les Malgaches,: on lave et on frotte, soit sur une roche, soit au lavoir.
Ce dernier a également été financé par l’association. Les femmes s’y rendent volontiers. Le plus souvent, elles sèchent le linge à même le sol, toutes n’ont pas de fil où le suspendre, encore une habitude qui les satisfait, alors pourquoi faire comme nous ? Le savon est aussi une denrée rare, parce que chère, alors on l’économise.
Lolo dans sa bassine, au fond, le linge sèche par terre une vahaza suspend son linge
Pour laver les légumes et les fruits que nous avions rapportés de Fort- Dauphin, nous utilisions du permanganate. Jamais, même dans les restaurants de la ville, nous n’avons mangé les crudités, craignant les problèmes gastriques. Comme nous étions avertis, nous nous brossions aussi les dents avec l’eau en bouteille, bien capsulée « L’Eau Vive ». Nous avions emporté des pastilles de « Micropur » pour purifier l’eau du lavabo, et jamais je ne rinçais la brosse à dent avec l’eau qui venait des citernes. Nous avions bien apporté des pastilles d’ eau de javel pour ces citernes, mais la garantie d’utiliser une eau propre n’était pas totale.
L’un des nôtres qui a utilisé l’une ou l’autre fois l’eau du robinet pour laver sa brosse à dent, en a fait la triste expérience. De retour à la Réunion, il a dû suivre un traitement contre les amibes, prendre un antibiotique costaud (du Flagyl) et reconstituer sa flore intestinale…
Il avait perdu 5 kilos ! Pour ceux qui veulent maigrir, vous savez ce qui vous reste à faire… Trêve de plaisanterie, on ne souhaite pas ces coliques à son pire ennemi !
Si certains voyages forment la jeunesse, d’autres font aussi maigrir !