Visiter une île qui n’est habitée que par 8 jeunes passionnés par la Protection de la Nature, est une expédition unique. Cette île, qui n’a pas du tout l’air « aride » est située à 8 km au Nord de Praslin, c’est la plus septentrionale des îles granitiques , et c’est peut-être aussi la plus sauvage de l’Océan Indien.. Cet îlot de 1,6 km de large sur 600 m de large ne recèle aucun point d’eau, c’est pourquoi les marins français qui la visitèrent en 1770 et 1771 lui donnèrent le nom d’Aride.
Un magnat britannique du chocolat et passionné d’écologie a acheté cette île en 1976 pour l’offrir à la Royal Society for Nature Conservation. L’accès est payant : 1000 roupies pour 2 personnes, soit 32 euros par personne. Une petite somme ! Mais cela vaut le détour.
Nous avons embarqué à six sur un bateau à moteur avec un équipage de trois autochtones ( deux navigateurs et Stéphane, le chef cuisinier). De la plage de l’Anse Volbert nous avons marché une cinquantaine de mètres dans les vagues, sac au dos, sandalettes à la main, pour pouvoir nous hisser sur l’embarcation. Là, nous avons pris place avec les deux Hollandais Klaas et « Magique », et deux Vauclusiens, Jean Baptiste et Marie. Le bateau a filé comme un hors-bord, le timonier s’amusant à frapper les vagues de face, nous avons été secoués, mouillés par les embruns, les cheveux au vent ! C’était grisant… Nous avons longé l’île de Saint Pierre, l’île aux Veaux…
L’équipe du Conservatoire a envoyé un zodiac pour nous récupérer et l’arrivée sur la plage à tombeau ouvert était fracassante.
Nous avons été accueillis par le sourire d’une jeune Ecossaise qui est là en stage pendant 3 mois en attendant de retourner sur une île protégée de son pays.
On avait ensuite l’impression de marcher dans de la farine, tant le sable était fin et blanc. Après avoir quitté nos gilets de sauvetage, nous avons traversé un abri « tapissé » de panneaux sur les espèces protégées, puis on nous a accueillis dans un bureau – également boutique de souvenirs.
Et on nous a confié aux bons soins d’Alex, qui nous a conduits sur un sentier jalonné de surprises. Ce Seychellois a déjà passé un an sur Aldabra, une autre île protégée de cet archipel.
Des pies chanteuses peu farouches s’approchaient d’Alex qui leur trouvait des larves sous des souches. Le chnt de ces oiseaux est très mélodieux. Nous avons aperçu des noddis marianne et des noddis bruns. Là aussi volent des colonies de sternes de Dougall.
les noddys gygis blanche
Nous avons observé, chose étonnante, un sterne fuligineux assis non pas sur la branche mais sur son œuf qui lui était posé sur la branche, mâle et femelle se relayent.
Des poules noires, appelées « moorhens »ou « poules d’eau » se promenaient dans le sous-bois. Dans les creux d’arbres morts des phaetons à bec jaune couvaient. Des fauvettes agiles sautillaient de branche en branche.
la poule d'eau le paille en queue (phaeton à bec jaune)
Nous avons été sidérés par la quantité impressionnante de petits lézards endémiques : les scinques des Seychelles. Sans gêne, ces reptiles s’avisaient de me grimper jusque sous l’aisselle pendant le repas, pensant avoir une miette de notre becquetance.
le scinque le mille-pattes
Alex nous a cueilli des oranges vertes délicieuses, pour faire fuir les moustiques suffirait de frotter la pelure sur la peau, mais ce qui a semblé le mieux opérer était la citronnelle qui poussait à côté. Il nous a aussi fait respirer l’odeur du bulbe de curcuma et un fruit qui avait l’odeur du fromage. Nous avons vu leur jardin où poussaient des songes, des calebasses, (les salades étaient abritées par un grillage !) Sommes passés devant la case en bois où habitait autrefois le propriétaire des lieux, M. Cadbury, le chocolatier.
Dans la montée nous avons rencontré une foule de gros mille-pattes (aussi longs qu’une main) qui grimpaient aussi aux arbres, nous avons remarqué des ananas sauvages. A demi assommé un pigeon se reposait au pied d’un arbre : il était saoul en raison de fruits fermentés qu’il avait ingurgités.
Nous avons rejoint le belvédère de "Gros La Tête" après avoir franchi un dénivelé de 134 mètres. Nous nous sommes installés sur les rochers pour observer le vol des frégates dont les femelles ont un plumage sombre et blanc et les mâles un plumage tout noir. Nous sommes restés là, hors du temps, à écouter la mer et à observer le vol des oiseaux. Un spectacle fabuleux.
Nous sommes redescendus et avons fait trempette dans l’eau turquoise. -On a peur de fouler les petites dunes de sable vierge, qui ressemblent à de fraîches congères.- Nous avons retrouvé les trois navigateurs qui nous avaient préparé des salades composées fraîches et des grillades de poisson. Au dessert : mangue, noix de coco, ananas… Puis nous nous sommes encore accordé un petit moment de baignade avant de reprendre le bateau. Les 7 bénévoles poussent le zodiaque dans l’eau et le 8e nous emmène à bord de notre bateau. Klaas demande au capitaine s’il peut nous faire faire le tour de l’île. Il accepte et nous voilà à essayer de repérer tous les endroits que nous avons parcourus…
Il existe un site intéressant pour découvrir cette île (hélas uniquement en anglais !)
http://www.arideisland.net/index.php?option=com_contact&view=contact&id=1&Itemid=96