Eh oui, on aime à utiliser ce mot sur l’île. On trouve qu’il n’existe pas assez de mots en créole, alors on s’amuse à en créer, c’est ce qu’on appelle des « néo-logismes ». Et on fait croire à la population qu’on parlait ainsi à la Réunion… à moins que le mot ait réellement existé mais n’aurait pas été vulgarisé…
En bavardant avec Brigitte née à la Plaine des Palmistes et Yoland né à Entre Deux, je réalise qu’ils s’offusquent à l’idée qu’on veuille à leur âge leur apprendre le créole, leur propre langue… Ce mot ils ne l’ont jamais employé… Peut-être qu’il était usité dans certaines sphères mais pas par le Créole du terroir.
Pour désigner une personne âgée qu’on a toujours eu coutume d’appeler ici « gramoun » on vient d’inventer ou de remettre au goût du jour (de certains initiés) un mot issu du registre architectural. On se plaît désormais à appeler l’ancien un « arcboutant » un « zarcboutant », ou un « zarboutan ».
Mais qui sait que le mot « arcboutant » désigne une structure en arc qui sert à soutenir un mur, une voûte ? C’est effectivement une pièce maîtresse dans la maison. D’où la volonté des littéraires à vouloir absolument faire de l’ancêtre un soutien …
En fait la personne âgée devient un pilier, même si c’est plutôt elle qui aurait souvent besoin de piliers pour la soutenir…
Les contreforts (ou arcboutants) de la Collégiale de Munster en Lorraine...