Ce souvenir de notre séjour mérite à lui seul un article. Situé au Sud de Nouvelle France, le petit village rural de Bois Chéri fait vivre un nombre important de cueilleuses de thé. Certaines viennent des villages alentour comme Grand-Bois, d’autres de plus loin, par exemple de Surinam. A la sortie du village sur la gauche dans une montée se trouve le Domaine du Thé.
Quand nous arrivons vers 10 heures (du matin) les derniers sacs remplis de feuilles viennent d’être décrochés des tourniquets pour être menés au séchoir. On travaille le produit récolté la veille.
Nous avons pu assister à la visite guidée de la Fabrication du Thé.
La cueillette a lieu après la rosée, de 9 heures à 12 heures, les sacs sont rapportés à l’usine. Le lendemain, on les monte à l’étage au premier système de séchage : c’est une plateforme secouée mécaniquement. Puis les feuilles arrivent sur une bande transporteuse où elles sont hachées grossièrement, elles passent ensuite entre des rouleaux où elles sont pressées.
Elles fermentent ensuite 1h30 à l’air libre (par oxydation, sans aucun rajout).Puis la masse est mise à sécher10 minutes à 110 °. Puis le thé est nettoyé avec des rouleaux au moyen de l’électricité statique : les paétioles et nervures récupérés sont ensachés pour être réutilisés comme engrais. Puis des calibreuses affinent le produit (l existe 8 catégories de granulométrie : de la poussière aux gros morceaux) Le thé repose enfin 3 mois dans un silo avant l’ensachage définitif. On rajoute en fin de chaîne des essences de noix de coco, de fruits exotiques, de bergamote. Pour le thé - vanille on prend la vanille en poudre.Le thé vert quant à lui, il ne subit pas de fermentation, il est uniquement roulé et séché.
Après avoir visité le Musée du Thé jouxtant l’usine, un musée très pédagogique, bien conçu qui raconte l’histoire du domaine et du thé, nous montons en voiture vers la chalet de la dégustation situé à deux kilomètres de là dans un lieu idéalement situé au cœur des champs de thé, avec une vue panoramique circulaire (vue sur un étang bordé de fougères arborescentes, théiers, montagnes découpées au fond, vue sur la mer également). Dans une salle de restaurant plusieurs tables sur lesquelles sont posées 7 boîtes de thé, des tasses, du sucre, de l’eau chaude, quelques petits gâteaux. On peut se servir à sa guise et aussi acheter ce qui plaît dans la boutique attenante.
Nous redescendons ensuite vers les champs de thé où je vais m’entretenir avec Perrine, une dame qui cueille du thé. Originaire de Rodrigues, île voisine, elle vit à Grand-Bois, ses cinq enfants sont à Maurice, elle ne compte retourner à Rodrigues où la vie n’est pas facile. Elle cueille en musique avec le sourire. Elle me montre ce qu’elle arrache : les feuilles du dessus. Ses comparses ont le même rythme. Perrine ne s’arrête pas de travailler pendant la conversation ; elle doit remplir 3 ballots avant midi sous la surveillance de son contremaître qui s’abrite sous un joli parasol jaune et noir du Domaine « Bois chéri ». Une autre cueilleuse soulève son ballot sur sa tête et pose pour la photo avant d’emporter sa récolte à l’usine.