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20 avril 2010 2 20 /04 /avril /2010 20:44

Retour du Cap Bouteille : arrêt chez les tisaneurs 

 

En redescendant vers Cilaos par le GR, nous nous sommes arrêtés  près d’une boutique de fortune installée par les jeunes propriétaires des lieux : des piliers en bois, des murs en feuilles de chocas, un toit en tôle ondulée. Ce petit abri appartient à l'Association des Trois Salazes.

 

 

cap bouteille tisaneurs 1

 

Ils avaient là un comptoir pour servir la tisane, les gâteaux faits - maison. Le stand était aussi équipé d’un lavabo en inox, où arrivait de l’eau froide (eau captée à l’îlet) et de deux feux où bouillaient deux théières en aluminium.

  

cap bouteille tisaneurs 2 cap bouteille tisaneurs 5

                                  Lieu de convergence de randonneurs qui descendent et qui montent

 

Un jeune homme très sympathique nous a expliqué la nature et les vertus des 7 plantes qui étaient dans des coupelles : les fleurs jaunes, la menthe, la marjolaine, l’héliotrope, la cannelle, la citronnelle et le géranium. A tous les randonneurs qui passaient par là (montant vers le Taïbit  ou en revenant) il proposait deux sortes de tisanes : une stimulante (pour l'ascension) et une relaxante (pour la descente).

cap bouteille tisaneur ferdinand                                   Photo Ferdinand Benard   - Préparation des tisanes

Pour le breuvage stimulant, il combinait de la menthe, de la marjolaine et des fleurs jaunes. Et pour la boisson relaxante, il associait les fleurs jaunes, l’héliotrope, le géranium, la citronnelle et la cannelle. Il  nous a fait faire un petit détour dans leur  jardin aux plantes, un espace très soigné, des allées proprettes et des massifs bien entretenus. Un de ses copains apportait justement dans un goni des herbes destinées au paillage des plantes, paillage qu’on appelle « mulch » et qui empêche les mauvaises herbes de pousser.

cap bouteille tisaneurs 4

                                       Trois randonneurs de Jolis Pas devant les héliotropes

 

L’un des occupants des lieux m’a expliqué qu’ici vivaient en permanence douze  personnes et que souvent des bénévoles venaient leur prêter main forte pour leurs activités. Ils avaient un porc,  trois coqs…

 

Cet îlet encore habité vers 1950 par 140 personnes avait été abandonné. Il n’est plus en friche depuis qu’un convaincu, Yann, y a trouvé un intérêt et a réaménagé dès 1992 cette zone complètement érodée pour la rendre habitable. Aujourd’hui il y pousse toutes sortes d’arbres endémiques, des plantes aux vertus médicinales.

 cap bouteille tisaneurs 3

  Le jeune tisaneur a précisé les vertus des plantes contenues dans les 7 coupelles.

fleurs jaunes :prophylactique (contre les courbatures, les crampes) /menthe : régulation du foie /marjolaine : relaxant /  héliotrope : circulation  du sang / géranium rosat : voies respiratoires / citronnelle : vitamine C  /cannelle : sucre lent, dynamisant

J'ai trouvé sur le site internet du Monde un article  datant de 2006 très intéressant qui parle de l'îlet des Salazes et des tisaneurs (si vous souhaitez des compléments d'information.)

http://www.lemonde.fr/web/article/0,1-0@2-3546,36-657728@51-656737,0.html

 

 

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19 mars 2010 5 19 /03 /mars /2010 19:48

Il est dix-sept  heures ! après 7 heures de broderie, je rentre au gîte de Mme Bertha Gardebien.

broderie 21  Devant la maison un curiste de 73 ans fait des broderie 22mots fléchés, un couple avec une fillette rentrent de promenade, arrivent deux randonneuses parties la veille du Maïdo . Elles avaient dormi dans un gîte à Marla avant de passer le Taïbit pour descendre à Cilaos. La plus jeune était infirmière à Mayotte et sa maman l’avait rejointe et toutes deux venaient faire un séjour  de  10 jours à la Réunion.

L’histoire de ma logeuse

Cette petite dame souvent vêtue d’une robe mauve  a accroché dans l’entrée un diplôme attestant qu’elle avait bien été au Cap Nord. Alors, je lui ai demandé si elle voyageait souvent et si elle parlait l’anglais. Elle m’a dit tout de go : «  Moi, je suis une illettrée, je n’étais à l’école que jusqu’à l’âge de 9 ans. » A Ilet à Cordes, où elle est née, elle devait aider aux champs, semer et récolter les lentilles, pour la famille puis aider le voisinage pour les mêmes tâches. Sa maman brodait pour avoir un petit appoint. Ils élevaient aussi leur volaille.

Son époux travaillait dans le bâtiment : il partait deux semaines et ne rentrait qu’un week-end sur deux. Pendant ce temps, elle élevait ses enfants, tenait la maison. Puis elle a géré le gîte toute seule. Et grâce à cette activité, elle a pu participer à de nombreux voyages organisés : au Brésil, aux Etats – Unis, en Espagne. Celui qui lui a le plus plu était celui qui l’avait conduite au Canada, au Québec ! Son époux n’avait pas le temps de voyager, mais il l’a accompagné les dernières années. Aujourd’hui, elle vit seule dans le gîte mais accueille souvent ses enfants et ses petits enfants.

Il paraît qu’elle était une de premières habitantes de Cilaos à gérer un gîte. Aujourd’hui il en existe une dizaine (en comptant Bras Sec et Ilet à Cordes)

Capacité de ce "gîte de France 1 épi"
Il peut accueillir trois couples et une personne seule. La salle de bain et les toilettes sont communes. Les chambres sont étroites mais les sanitaires sont très propres.

broderie 24 broderie 23
Jardin et varangue

Il est situé à deux pas du centre ville, au n°50 rue Saint Louis. Un arrêt de bus de trouve devant maison et dans la rue parallèle. En face le snack "Chez Nénesse" où on peut manger à condition de réserver. Vue sur le Grand Bénard, le Piton ds Neiges,


broderie 26   broderie 25
                      devant le gîte

Un dîner d’échanges intéressant

Nous avons tous mangé ensemble le soir et Mma Gardebien née Tossam nous avait préparé un dîner succulent : gratin de potiron puis carry de bœuf et tarte aux pommes. Le tout arrosé d’un bordeaux. Punch en apéro et rhum arrangé au faham et écorce d’orange ou rhum arrangé aux fraises de bois.
Le monsieur âgé qui faisait sa cure nous a raconté qu’il était veuf depuis 40 ans, qu’il était retraité de la boulangerie depuis 15 ans et qu’il était originaire de Saint André. Habitant actuellement à Sainte Marie, il est venu en VSL à Cilaos et fait une cure de 3  semaines (de 8 heures à 10 heures du matin) Fatigué, il a quitté la table vers  19 heures.

             Nous autres avons encore discuté jusqu’à 22 heures. Ainsi j’ai appris par la jeune randonneuse, infirmière à Mayotte, qu’il  valait mieux visiter Mayotte en avril – mai, parce qu’en juillet et août soufflent les alizées.  Le couple de Saint Denis qui avait réservé le gîte pour une semaine regrette de devoir habiter le chef-lieu qui n’est pas très attractif. L’homme est pédopsychiatre et travaille en relation avec l’hôpital de Saint Paul et son épouse travaille pour la prévention et de la sécurité dans le domaine commercial  : elle en connaissait un rayon sur la taille des entreprises et le lobby automobile. Selon elle, il n’existe sur l’île que trois grosses entreprises : Ravatte, Caillé et les Chinois (ces derniers ne donnent pas le nom à leur entreprise) . La Réunion est le troisième département en ce concerne l’impôt sur les grandes fortunes.
             La maman de la jeune randonneuse a raconté le désenchantement de sa deuxième fille , responsable chez Manpower. Elle avait été formatée pour trouver des CDI aux demandeurs d’emplois et elle gagnait plus de 2500 euros et depuis la crise, à cause de délocalisation, son salaire est tombé à 1500 euros (elle ne touche plus de primes car elle n’arrive plus à placer les candidats au travail.) Pourtant sa mère l’avait mise en garde sur les limites du système capitaliste enseigné dans les écoles de commerce.

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28 février 2010 7 28 /02 /février /2010 17:51

Près du Barachois, à Saint Denis, un ancien bâtiment de la Marine, qui a aussi servi d’écurie, abrite toujours les studios de RFO. L’équipe a hâte de quitter la rue Jean Châtel pour s’installer dans de nouveaux locaux.

Benoît Saudeau, le directeur régional de RFO "Réunion" a accueilli les adhérents de L’UPTS. Cet homme de contact, routard du service public, qui a déjà œuvré en Nouvelle Calédonie, à Mayotte est passionné par son travail. Après avoir présenté l’entreprise et évoqué le destin de cette dernière, il s’est prêté aux questions de ses interlocuteurs.

       rfo 1Impossible de recopier ici toutes les informations recueillies. Je vais essayer d’en rapporter quelques unes : RFO émet dans tout l’Océan Indien, on peut suivre cette chaîne à Maurice, Madagascar, Mayotte.

M. Saudeau explique que le présentateur du JT doit avoir bien préparé son journal avant de le lire sur le prompteur, pour pouvoir le cas échéant – en cas d’événement majeur-  interrompre et  reprendre le fil de son texte… Il faut qu’il en maîtrise parfaitement le contenu. Le plateau nécessite la présence d’une quinzaine de personnes pour le journal télévisé et la météo.

rfo 2Pour la TNT il faudra avoir le décodeur MP4, et non le MP2 comme c’est le cas en métropole. Il y aura un jonglage permanent avec les décalages horaires. 10 chaînes gratuites seront disponibles à la Réunion dont Arte version française, et ce dès décembre 2010.

7% du budget était fourni par la publicité qui est vouée à la disparition du fait que RFO est une chaîne publique. A la question « et si la pub revenait sur vos chaînes… ? » Le président ne tient pas trop au retour de la pub car ne pas en avoir donne une certaine liberté d’expression. Dans la conjoncture actuelle RFO sera dans l’obligation de produire davantage en se satisfaisant du personnel existant.

Parmi les rencontres qui l’ont marqué, M.Saudeau cite celles de Monseigneur Danielou et rfo 3de Lech Valessa.

Les visiteurs enchantés ont ensuite découvert les deux studios, et la salle de montage. Une visite très intéressante.

Lien utile:

http://reunion.rfo.fr/tout-savoir/

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27 février 2010 6 27 /02 /février /2010 10:07

Visite dans trois services de pointe de St Pierre


CHRS 1
Le Centre Hospitalier de Saint Pierre.

Cette fois encore grâce à l'UPTS (Université Pour Tous  Sud), j'ai découvert le CHRS de la Réunion. M. Chopin, administrateur de ce centre hospitalier depuis 2008, a présenté le CHR de l'île qui se compose du CHR Félix Guyon de St Denis, de celui de Saint Pierre. Ils oeuvrent ensemble.  Font également partie du CHRS des structures situées à Cilaos, Saint Louis, Le Tampon et St Joseph. "Si les plombiers sont au Nord, les électriciens sont au Sud" voilà comment on résume la complémentarité des deux CHR !
 Actuellement un nouveau pôle mère-enfant est en construction au CHRS de St Pierre pour un coût de  63 millions d'euros. Il devrait être complètement opérationnel en avril 2011, mais certains services y emménageront avant.

Sur les 12 pôles existant au Sud, nous avons eu la chance d'en découvrir trois :  la neuro-radiologie,  la radiothérapie -oncologie et  la médecine d'urgence ( hyperbare). Trois médecins, passionnés, très pédagogues, avaient préparé, à notre intention, des exposés  fort intéressants
D'abord, le Dr Gautier Pascale  a expliqué le fonctionnement du service de radio-neurologie  et toutes les techniques utilisées en imagerie médicale ; le Dr Khélif David après avoir parlé de l'historique de son service a démontré l'importance de la concertation disciplinaire dans les domaines de la radiothérapie, de la curiethérapie, de la radio-chimio thérapie.. Le Dr Jean Dirk Harms, spécialiste en médecine hyperbare, a ravivé nos cours de physique en parlant de la lois de Boyle - Mariotte, de la loi Henry et de la loi de Dalton , à connaître absolument quand on veut soigner des accidentés de la plongée, des personnes intoxiquées par des gaz de combustion... Puis nos trois guides nous ont fait découvrir chacun leur domaine.
J'ai suivi le Dr Harms, de l'unité d'Hyperbarie, curieuse de voir à quoi ressemblait CHRS 7un caisson hyperbare. En entrant dans cette zone on est supris par la petite taille des locaux. A l'entrée, un couloir dessert une salle de soins, à gauche un couloir avec plusieurs portes ( douches et vestiaires)- des étagères où sont rangées des tenues spéciales pour les patients-, une petite salle de réunion, plus loin la salle des machines, où sont installés deux énormes compresseurs, un ballon d'eau, des bouteilles d'oxyène, des bouteilles hélium- oxygène, des bouteilles air - oxygène.

CHSR 2Enfin la salle du caisson de décompression. Ce dernier occupe plus de la moitié de la pièce, c'est dire l'exiguïté du local. Au fond à droite, un tableau de commande où s'intalle le "caisson master" pendant le traitement. On entre à six dans ce caisson et une séance de décompression  dure environ deux heures : 3 séances de 25 minutes et deux interruptions. Les patients sont accompagnés par un personnel soignant, CHRS 3aparfois on s'entraide, les habitués expliquent aux nouveaux ce qu'il faut faire. Dans le caisson, des monitorings, des casques anti-bruit, des hublots par lesquels on introduit des médicaments. Le médecin à l'extérieur entend ce qui se dit dans le caisson, on peut communiquer depuis le caisson.
L'équipe qui travaille ici se compose du médecin titulaire ( le Dr Harms) interviennent aussi, se relayant, 5 médecins vacataires titulaires du diplôme de "Médecine Hyperbare", et huit personnels soignants formés, .
CHSR 3On travaille aussi avec le service de radiothérapie : certains patients soignés pour un cancer passent par le caisson avant d 'être soignés en radiothérapie. Le passage au caisson contribue aussi à la cicatrisation des gangrènes liées au diabète, à l'écrasement... Trop long de détailler les vertus de la médecine hyperbare. Mais voilà, pour nos gouvernants  "c'est une médecine non rentable !" heureusement  que sur l'île, on plonge, Et c'est un moyen de justifier l'existence de ce caisson.



Merci à Pierre de me corriger si j'ai mal compris, ou mal transmis...

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17 décembre 2009 4 17 /12 /décembre /2009 20:41

 

 

La coupe de la canne, un phénomène culturel.

 

  Suite de l'article envoyé par Gérard


               
« Les volets économiques et politiques sont intrinsèquement liés aux deux autres ( social et culturel) . Notre culture exprime souvent une situation sociale tout en montrant une implication politique (quelle qu'elle soit).

 

Le début de la coupe est le moment de cérémonies souvent symboliques (baptêmes de couteaux) et parfois religieux (bénédictions catholiques ou hindoues). La fin de la coupe est plus marquée, notamment pour l'hindouisme. Si le catholicisme rythme indiscutablement la fin de la coupe par deux moments forts: Noël et le Nouvel An (Le calendrier est grégorien), l'hindouisme s'exprime fortement du fait même de la fin de la campagne sucrière. Religion essentiellement agraire, les "marches sur le feu", cérémonies diverses aux défunts, fête de la moisson (Pongol) cadrent parfaitement avec  la saison.


               
Dernière venue mais ô combien méritée, la fin de la coupe ces 30 dernières années est ponctuée de la célébration de l'abolition de l'esclavage. Le 20 décembre n'a pas été choisie par hasard. Le gouverneur de l'époque, le célèbre Sarda Garriga, a dû lui même attendre la fin de la coupe de 1848 pour proclamer l'abolition de l'esclavage... Le 20 décembre est sans nul la célébration de la dignité humaine retrouvée et dont les ancêtres de beaucoup des Réunionnais avaient été cruellement privée. 

2008 Fête de la Liberté 023  2008 Fête de la Liberté 040
                                             Archives J.Dallem 2008 Fête de la Liberté au Tampon (Trois Mares)

               
Les anciens profitent de ces fêtes pour transmettre leurs mémoires et discuter des résultats des récoltes, évoquer les plus mauvaises ou les meilleures et rappeler que les cyclones sont toujours un danger. Les dictons, sagesses populaires, maximes se transmettent à ce moment.

                La plupart des fêtes et musiques, séga et maloya, issues notre culture réunionnaise dépendent de la coupe.

                               2008 Fête de la Liberté 049
Les cayambes sont faits à bases de tiges de fleurs de cannes. Beaucoup d'espèces variétales aujourd'hui ne donnent plus de fleurs, aussi les musiciens se tournent-ils vers d'autres matériaux. Quant aux puristes, il leur faut chercher plus longuement les champs où ont été plantées des cannes à fleurs. En général les planteurs laissent un ou deux carreaux de cannes à fleur pour la tradition.


                      
P1050396 fleurs de cannes


Les fêtes avec tambours et feux, caractéristiques du 20 décembre, ont lieu pour marquer la fin de la coupe. Historiquement, ces fêtes  avaient lieu aussi à cette date parce que les risques d'incendies étaient moindres (plus de risque de "feu dans la paille canne" selon l'expression créole...). Finalement la tradition des pétards est bien postérieure et leur interdiction n'est qu'une répétition de l'Histoire...

 

                Voici rapidement tracées quelques lignes sur l'importance de la coupe pour notre pays. Un dernier point, la fin de la coupe est ponctuée aussi des klaxons des derniers cachalots* convoyant leur dernier voyage... C'est le signe pour nous autres planteurs que chaque tâche que nous effectuerons désormais comptera pour la prochaine campagne. Que Dieu nous garde. »   Gérard M.

 

cachalots* : gros camions transportant la canne vers les sucreries.

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16 décembre 2009 3 16 /12 /décembre /2009 20:41

 Comment ne pas parler de la Fin de la Coupe qui est un moment crucial à la Réunion ? Gérard Moutien, un des lecteurs du blog, très bien renseigné sur le sujet, a bien voulu en parler ici…

 Voilà donc l’éclairage  du spécialiste, qui, dans  le texte suivant, démontre que le rythme agricole cannier a un impact sur la vie économique, politique et socio-culturelle de l'île.

 canne coupe

Coupe de la canne à la Ravine des Cabris  près du  Chemin Stéphane

"Sur le plan économique…

                La coupe dure 6 mois. C'est la seule période où un planteur reçoit un revenu de son exploitation cannière. Le début ou la fin de la coupe sont donc des moments cruciaux sur le plan financier. Les échéances des prêts, taxes et cotisations sont calculées sur ce calendrier.

                Au-delà des aspects logistiques des exploitations (salaires des coupeurs et journaliers, engrais, herbicides, gas-oil,...) c'est surtout une entrée financière après six mois à vide.

                Concernant les aides agricoles cannières, les dates de démarrage et de fin de coupe sont déterminantes. Elles sont les compteurs qui décideront du rythme des versements des aides. Les aides économiques et les aides à la production sont versées par tranches justement déterminées par lesdites dates (le nombre de semaines de coupe effective a son importance dans le calcul). Les échéances de contrats saisonniers (conducteurs d'engins agricoles, cachalots, ou postes ouvriers dans les usines du Gol et Bois-Rouge) dépendent de ces dates. Elles sont décidées par des Commissions Mixtes d'Usines où siègent à égalité planteurs et usiniers. Autrefois, c'était un bras de fer. Actuellement, les usiniers décident bien souvent unilatéralement avant de convoquer la commission.


canne coupeurs                                                    Coupe de la canne près de Terre Sainte

Sur le plan politique….

                La fin de la coupe rythme aussi la vie politique de notre pays. Le réseau agricole planteur est l'un des mieux constitués et des plus actifs. Il est particulièrement sollicité en inter-campagne (au sens agricole et électoral du mot). Evidemment, les grandes lignes sont visibles: CGPER (Jean-Yves Minatchy) est plutôt à gauche et la FDSEA (Frédéric Vienne)/ Jeunes Agriculteurs sont plutôt à droite. Mais depuis une dizaine d'années les lignes de partage migrent fortement, il y a de plus en plus de préoccupations sociales à la FDSEA/JA et de plus en plus d'approches économiques à la CGPER. Le tout s'explique par un accroissement de la taille moyenne des exploitations et simultanément la baisse du nombre de planteurs. Finalement, on se dirige vers une paysannerie moyenne que tous les syndicats et partis font de leur mieux pour défendre. L'apparition d'une paysannerie (comme corps social, politique et économique) est une nouveauté à La Réunion, historiquement le monde agricole était essentiellement partagé entre très petites exploitations (souvent également ouvriers agricoles) et grands domaines.

                Grosso modo, la fin de la coupe est propice au début des meetings électoraux (comme l'a montré ce dimanche 13 un certain nombre de partis politiques pour les élections régionales). "

 

Le prochain article sera consacré au plan culturel et social de la coupe… toujours grâce aux informations de Gérard.

 

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15 novembre 2009 7 15 /11 /novembre /2009 17:43



Nous avons répondu à l’invitation de l’Association « Partage avec Madagascar » et nous nous sommes retrouvés ce dimanche 15 novembre à  400 personnes dans un local scolaire du Tampon pour partager un repas préparé par des bénévoles. Menu créole : achards et poulet en entrée puis carry et rougail, dessert et café. Un groupe musical animait la fête, on proposait des objets artisanaux malgaches (napperons brodés, trousses, étuis brodés...) des jouets divers, les cartes postales "visages d'enfants" de Marie Jo Pavard...

                    

Deux adolescentes, Ophélie et Julie,  ont pris leur guitare, Ti Cafrine a chanté une chanson d’amour malgache et des invités ont participé à une farandole. Le fils d'un membre de l'association a joué du saxophone...

             

           

Le Père Pedro « la cassé un blag » ( a taillé une bavette) avec chaque convive. Il a dédicacé l’ouvrage « Le Père Pedro nous dit… des paroles de bienveillance » dans lequel les photos et le texte parlent de sa vie au milieu des déshérités auxquels son association « Akamasoa » (le Bons Amis) essaye de redonner une dignité, par l’insertion, le travail et l’amour. A Madagascar, les gouvernements ne se sont pas attachés à faire reculer la pauvreté, et cet homme a rassemblé les exclus qui vivaient des ordures de la décharge de Tananarive. A la page 7 de ce livret un extrait qui dit bien l’esprit de son entreprise :

Dès le début, j’ai mis les cartes sur la table : « Je ne viens pas vous assister, je n’ai pas d’argent à partager mais je peux vous donner du travail. Ensemble, nous allons créer des coopératives, des lieux de travail, pourquoi pas de petites entreprises. Je vous respecte trop, je ne veux pas vous assister. »

Une action noble qui va à contre-courant de  toutes ces politiques perverses de l’assistanat, qui encouragent  à l’oisiveté. Bravo Père Pedro, bravo à ceux qui ont entendu le message !

Une adresse à retenir pour quiconque souhaite participer et obtenir un reçu fiscal :

Père André – Marie « La Demeure » 80290 Croixrault (chèque à établir à l’ordre du Père Pedro)

 

 

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3 novembre 2009 2 03 /11 /novembre /2009 11:13

En feuilletant l’Album de la Réunion, de Roussin, je suis tombée sur un texte de cet illustrateur qui y décrit la Ravine Saint Gilles et insère un poème de LECONTE DE LISLE décrivant  l’endroit il ya plus de cent ans.  Je vous livre ici le premier des 16 quatrains.

« La gorge est pleine d’ombre, où sous les bambous grêles,

Le soleil au zénith n’a jamais resplendi

Où les filtrations des sources naturelles

S’unissent au soleil enflammé de midi… »
(voir le texte plus loin)

 

Quand on compare le texte du poète parnassien avec le tableau actuel de ce lieu idyllique, on peut y trouver des similitudes, mais aussi des différences. D’où l’intérêt de textes poétiques qui peuvent être de précieux témoignages. Voilà mes observations !


                  
          liane en treillis                                                             bambous

Dans la ravine, les blocs noirs et la liane en treillis, font toujours partie du paysage.
Et quel changement concernant les « bambous grêles » ! Ils n’ont plus la fragilité que leur prête le poète. Aujourd’hui,  ce sont des tiges monstrueuses, gigantesques sur lesquelles les promeneurs amoureux ont gravé leurs initiales au risque de faire périr les plantes.

Cependant, on n’y côtoie plus les vertes perruches, ni les cailles, ni les martins. Les premières ont disparu à tout jamais de l’île et les autres ont déserté l’endroit pour d’autres biotopes de la Réunion. Le paille en queue, ce fabuleux oiseau marin blanc très fin, à longue queue, qui niche dans les ravines a survécu grâce à la protection des amis de la nature.

« Le vol du paille en queue, flocon de neige et point lumineux qui palpite sur l’horizon »
reste toujours un spectacle inoubliable !



Aujourd’hui ce sont des tisserins jaunes qui ont colonisé la ravine et qui dégarnissent les arbres en construisant une multitude de nids, ainsi que des pigeons  blancs et noirs qui ont élu domicile dans les anfractuosités des roches.


              nids de belliers, oiseaux bâtisseurs

A disparu également le berger noir. Plus de troupeaux de bœufs de Tamatave, donc plus de berger ! Et si on devait voir un berger, ce ne serait certainement plus celui qui chante son air saklave, l’abolition de l’esclavage étant heureusement passé par là en 1848. Mais on a du mal à imaginer que des troupeaux paissaient ici dans ce lieu envahi par la végétation. N’empêche que deux cases ont été construites dans la ravine et l’une d’elles semble habiter. Peut-être y vit –on de l’élevage ?

                          
Peut-être qu’en  restant plus longtemps à proximité de ces bassins on rencontrerait de grands papillons aux ailes magnifiques, des chats rôdeurs,  des sauterelles et des lézards, mais pour ce que nous avons constaté, cette vie a disparu de la ravine.

 

La ravine Saint-Gilles

La gorge est pleine d'ombre où, sous les bambous grêles,
Le soleil au zénith n'a jamais resplendi,
Où les filtrations des sources naturelles
S'unissent au silence enflammé de midi.

De la lave durcie aux fissures moussues,
Au travers des lichens l'eau tombe en ruisselant,
S'y perd, et, se creusant de soudaines issues,
Germe et circule au fond parmi le gravier blanc.

Un bassin aux reflets d'un bleu noir y repose,
Morne et glacé, tandis que, le long des blocs lourds,
La liane en treillis suspend sa cloche rose,
Entre d'épais gazons aux touffes de velours.

Sur les rebords saillants où le cactus éclate,
Errant des vétivers aux aloès fleuris,
Le cardinal, vêtu de sa plume écarlate,
En leurs nids cotonneux trouble les colibris.

Les martins au bec jaune et les vertes perruches,
Du haut des pics aigus, regardent l'eau dormir,
Et, dans un rayon vif, autour des noires ruches,
On entend un vol d'or tournoyer et frémir.

Soufflant leur vapeur chaude au-dessus des arbustes,
Suspendus au sentier d'herbe rude entravé,
Des boeufs de Tamatave, indolents et robustes,
Hument l'air du ravin que l'eau vive a lavé ;

Et les grands papillons aux ailes magnifiques,
La rose sauterelle, en ses bonds familiers,
Sur leur bosse calleuse et leurs reins pacifiques
Sans peur du fouet velu se posent par milliers.

À la pente du roc que la flamme pénètre,
Le lézard souple et long s'enivre de sommeil,
Et, par instants, saisi d'un frisson de bien-être,
Il agite son dos d'émeraude au soleil.

Sous les réduits de mousse où les cailles replètes
De la chaude savane évitent les ardeurs,
Glissant sur le velours de leurs pattes discrètes
L'oeil mi-clos de désir, rampent les chats rôdeurs.

Et quelque Noir, assis sur un quartier de lave,
Gardien des boeufs épars paissant l'herbage amer,
Un haillon rouge aux reins, fredonne un air saklave,
Et songe à la grande Île en regardant la mer.

Ainsi, sur les deux bords de la gorge profonde,
Rayonne, chante et rêve, en un même moment,
Toute forme vivante et qui fourmille au monde
Mais formes, sons, couleurs, s'arrêtent brusquement.

Plus bas, tout est muet et noir au sein du gouffre,
Depuis que la montagne, en émergeant des flots,
Rugissante, et par jets de granit et de soufre,
Se figea dans le ciel et connut le repos.

À peine une échappée, étincelante et bleue,
Laisse-t-elle entrevoir, en un pan du ciel pur,
Vers Rodrigue ou Ceylan le vol des paille-en-queue,
Comme un flocon de neige égaré dans l'azur.

Hors ce point lumineux qui sur l'onde palpite,
La ravine s'endort dans l'immobile nuit ;
Et quand un roc miné d'en haut s'y précipite,
Il n'éveille pas même un écho de son bruit…

 
(j'ai volontairement coupé les derniers quatrains qui n'ont pas d'intérêt descriptif)

Charles LECONTE de LISLE (1818-1894)

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23 octobre 2009 5 23 /10 /octobre /2009 15:47





              

Le jour de la Fête de la Lentille, à Cilaos, Jannick, un membre de l’APLC -Association  des Producteurs de Lentilles de Cilaos - nous a invités à venir découvrir son exploitation située sur la Route de Bras Sec. Sous un soleil de plomb, nous sommes montés sur la route qui part à droite derrière l’église. Nous avons croisé quelques coureurs qui participaient au Cross des Lentilles et redescendaient sur Cilaos. Notre guide qui était monté en voiture nous attendait déjà : pendant plus d’une heure, il nous a expliqué la culture de ce légume qui fait la renommée du lieu.

                            

Cette légumineuse craint l’humidité et a besoin de chaleur pour croître. Les producteurs sont tributaires du temps et les saisons ne se ressemblent pas : une année,  la moitié des plants avaient pourri à cause de la pluie. Dans les endroits très pentus on sème les graines  à la main, mais dans les zones planes, on utilise un semoir à quatre godets.

                           

Une poignée d’une dizaine de petites lentilles par trou suffit. Notre guide nous a expliqué qu’autrefois on cultivait des pieds rouges et des pieds blancs : la tige du premier pied  est rouge, celle des seconds est verte. Aujourd’hui, on cultive 11 espèces de lentilles à Cilaos. Le désherbage s’impose, après un traitement phytosanitaire, on doit arracher les mauvaises herbes à la main. Actuellement la production est menacée par un petit insecte – le thrips- et on étudie la manière biologique de l’éradiquer. Le thrips est si petit qu’on a peine à l’apercevoir, il mesure à peine un quart de millimètre.


Pour récolter la lentille, on arrache le plant quand il est sec  - parfois sur le même plant, on observe des lentilles de couleur différente, certaines sont encore vertes, mais sècheront bientôt- et on pose  quatre bouquets de cette plante en éventail part terre, ces paquets qui se succèdent sont ensuite ramassés, puis les grains sont extraits et triés mécaniquement. Les déchets sont réutilisés et servent de fourrage.

                  
La particularité des lentilles de Cilaos : elles sont très petites. Coût 12 euros le kilo.

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27 septembre 2009 7 27 /09 /septembre /2009 16:01
Début septembre, c'était un jeudi, en descendant à pied au collège de Trois Mares, je passe comme toujours près d'un arrêt de bus de la Rue Charles Baudelaire, et découvre avec suprise un dessin de Jace : un gouzou sur un skate- board. L'artiste a dessiné son gouzou au-dessus du banc et le skate semble laisser un trou dans le mur ! La veille, le mur était gris et voilà qu'apparaît comme par magie la représentation dynamique de ce skater qui s'inscrit bien dans l'environnement. Jace est-il passé la  nuit  ou le mercredi soir ? Toujours aussi discret... J'aurais bien "cassé un blag" avec lui !

Ces dessins bien sympathiques ont toujours une relation avec l'endroit : qui dit "chemin de l'école" dit "enfants" !
Mais les oeuvres ne sont pas immortelles : ainsi le gouzou en parachute de la Ravine des Cabris a été détruit récemment, le mur a été abattu et la maison rasée. Un jour peut-être que le skateur aura la même destinée.
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