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19 mars 2010 5 19 /03 /mars /2010 07:42

Stage de broderie : 2e jour à Cilaos

broderie 17

Petit déjeuner avec deux randonneuses qui ont fait la veille Cilaos - le Taïbit - Marla (Aller-Retour) en 7 heures. Tartines à la confiture de papaye, café au lait. Bertha Gardebien, la propriétaire du gîte est déjà dans son jardin à nettoyer les platebandes de rosiers.

broderie 18Je descends à pied à la Maison de la Broderie  en faisant quelques photos de maisons, d’arbres.
Petit détour par le bureau de poste, où les gens font déjà la queue pour des opérations bancaires. J’achète des timbres pour le courrier international (Sénégal et Allemagne) 1 euro le timbre Marianne orange / Pour l’océan Indien, le tarif est plus bas certifie l’employé. Je poste mon courrier et arrive à l’atelier.

Mon professeur, Suzanne Maillot,  est déjà là. Elle fait déjà la poussière, ouvre les volets, aère ...
Suzanne Maillot, cheville ouvrière de l'Association des Brodeuses,  est née dans une famille de 12 enfants, dont deux sont morts en bas âge. Sa maman a connu Angèle Mac Auliffe, qui par ses talents a fait la renommée de Cilaos , elle qui avait introduit cet art qui a permis de faire vivre bien des familles pendant près d'un siècle. Angèle, dont la maman est morte à sa naissance, est enterrée à Saint Denis où elle a terminé ses jours, auprès de son frère, médecin. Mais leur père est enterré à Cilaos.

broderie 15aSuzanne était à l’école jusqu’en classe de 5e. Mais elle a suivi des cours du Greta pour compléter son éducation. De 16 ans à 20 ans elle était aux cours de broderie avec sœur Anastasie, avec une centaine d’élèves. Elle a ainsi préparé et obtenu son CAP de broderie. Ce qu’elle apprenait en formation , elle le restituait dans son foyer où sa maman et sa sœur reproduisaient les  points appris.  A l’époque il n’y avait guère d’autre possibilité pour les filles, soit elles  travaillaient aux champs, soit elles se lançaient dans la broderie, mais pendant leurs années de formation, elles ne gagnaient rien et ne pouvait rapporter aucun de leurs ouvrages, tout était vendu au profit de l’école. La brave soeur Anastasie racontait à qui voulait la croire qu’elle ne pouvait vivre que de la broderie, alors qu’elle était certainement subventionnée par plusieurs organismes.

Le matin avant le travail en atelier, il fallait réciter le chapelet, le silence était de rigueur – on entendait les mouches voler- dans la journée, on avait droit à 10 minutes de pause en tout et pour tout. Mais pendant ces trois années, Suzanne a appris toutes les techniques qu’elle possède désormais.

Pendant 18 ans, elle – même est devenue professeur dans l’école de broderie et en a vu passer des filles. Quarante ans de métier...
Qui prendra la relève à son départ en 2012 ?


Aujourd’hui elle travaille dans l’atelier avec Régine, Jacqueline et Dalida . Cette dernière  aurait dû s’appeler Danita, mais le secrétaire de mairie a mal orthographié son prénom- . C’est Dalida qui accueille les visiteurs et les guide, quand elle n’est pas assise à sa table avec son tambour à broder.

 broderie 14                              Régine et Jacqueline


Si Suzanne est là de 8h à 11h30 et de 13h à 16 heures, les trois autres brodeuses salariées quant à elles, sont là aux horaires d’ouverture au public, c'est-à-dire de 9 heures à 14 heures et de 14 heures à 17 heures. Au total chacune brode 6 heures par jour.

Je continue un peu la petite grille, quand Suzanne me dit d’arrêter vu que le point est maîtrisé. Aujourd’hui, on passe aux choses sérieuses, les fenêtres sont découpées, et les fils sont tirés, on évide aussi les piles.

broderie 10 broderie 11
                     découpe des fenêtres                          premiers lancers

Puis je fais  des surjets pour délimiter le tout, puis j’assemble  dans chaque pile 5 paquets de 4 fils. Puis on commence à faire des lancers avec du coton 50. Jusqu’à présent nous n’avions travaillé qu’avec du 100. Ce sont chaque fois 6 fils par côté.  

              broderie 12 
                             les fils lancés dans les fenêtres

A midi, je vais à la boulangerie et m’achète un sandwich pour 2,30 euros. Petit arrêt à l’Office du Tourisme, où je prends les horaires de bus Saint Louis- Cilaos, ainsi qu’un roman –Rouge  Cafrine -  pour meubler mes soirées.
Et je pars en direction de l’église et m’assieds sur les escaliers du jardin pour manger. Un papillon jaune vient me narguer. Je remonte vers l’usine de conditionnement d’eau de Cilaos, passe devant un ancien hôtel thermal toujours à l’abandon, puis descends des marches le long desquelles coulent deux petites cascades.

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vue sur la rue commerçante depuis l'église           la petite cascade au pied de l'hôtel abandonné

En bas un espace de jeux pour les enfants. Je reviens au gîte pour chercher mes ciseaux et me rafraîchir (il fait très chaud, on transpire à grosses gouttes) puis trouve  un raccourci pour revenir au centre ville : un petite chemin de traverse goudronné avec des escaliers. Je passe devant l’arrêt de bus , la Maison de Chais de Cilaos, le collège Alsace Corré et me revoilà devant mon lieu de travail.

     L’après –midi on poursuit le travail de lancers, on fait les point de nœuds sur les fils broderie 13des piles, puis pour terminer on met un fil de bourrage pour délimiter les points de feston.

Attention au niveau des piles, il faut  remonter la pile, moins serrer le feston et faire un point plus grand, attention aussi au coin, bien veiller à faire un bel arrondi… Comme Suzanne part vers 16 heures je me fais conseiller par Régine.

 

Régine recouvre les tambours pour protéger la broderie des chiures de margouillats… Puis je rentre à pied au gîte de Mme Gardebien. 

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