La Maison Vallée ( ou de la Vallée) était autrefois le domaine de propriétaires fortunés. Mme Jacqueline Hoareau,née Payet, maîtresse actuelle des lieux, nous a gentiment reçus et nous a donné une foule de renseignements sur le passé de cette propriété nichée au fond d'un parc arboré, loin des regards indiscrets. C'est un trou de verdure "où ne chante plus la rivière" Hélas !
Autrefois un canal traversait Mahavel, "le Pays des Vivres" et cet endroit idyllique ; il irriguait les plantations, faisait tourner les meules, mais le modernisme et les tuyaux ont eu raison de ce canal... Une autochtone m'a confié qu'en 1973, elle avait encore vu couler l'eau à ciel ouvert.
Jacqueline Hoareau et Enis Rockel
Nous avons laissé nos véhicules à l'entrée du domaine où s'élèvent les ruines d'une ancienne sucrerie. Une cheminée carrée qui servait aussi de belvédère s'élève toujours à l'angle sud-ouest.
Malgré l'échelle rouillée, il vaut mieux ne pas risquer l'ascension ; notre hôtesse elle - même de son vivant ne s'y est jamais hasardée. M. Enis Rockel, le guide -conférencier qui nous accompagnaiit nous a fait remarquer que dans le Sud toutes les anciennes cheminées des usines sucrières étaient carrées et non rondes...Et d'ajouter que ce belvédère permettait autrefois de guetter le retour du patron, de voir à quelle distance étaient les visiteurs qu'on attendait...
Le bâtiment qui date des années 1820 porte encore une date "1875" (vraisemblablement la date d'un ajout de murs) En se penchant, on remarque des fossés envahis par la végétation : des pithayas, des papayers et bien d'autres plantes ont colonisé les lieux.
Mme Hoareau nous a fait traverser le sous-bois pour nous faire faire le tour de la ruine, au fond, près de la cheminée, on voit encore l'ancienne chaudière.
Nous sommes repassés devant deux bâtiments, qui servaient autrefois d’abri pour les animaux, et devant on aperçoit encore les mangeoires et les abreuvoirs qui étaient alimentés par l’eau du canal.
Puis notre hôtesse nous a montré un bâtiment où les ouvrières autrefois, vers 1920, travaillaient l’aloès. Comme la plante acide abîmait les mains, on a eu l’idée ici de faire l’élevage de lapins pour récupérer leur fourrure et fabriquer des gants, gants qu’on nommait « lapex ». Les filles ont vu ainsi leur tâche facilitée. Cette maison est couverte de bardeaux centenaires, bien ternis par le soleil -le coût de la restauration serait trop important-. D’ailleurs, sur l’île un seul ouvrier travaille encore les bardeaux à l’ancienne.
Non loin de là, cachés sous les arbres, on aperçoit encore la meule qui servait à broyer l’aloès et les canaux qui amenaient l’eau.
La maisonnette, couverte de bardeaux, située à l’entrée du domaine faisait office de bureau. Là, le maître des lieux donnait les instructions à ses ouvriers. Sa place surélevée se justifie par la raison qu’il fallait que le patron soit entendu et vu par la masse des employés, et Mme Horeau d’ajouter que les plantes étaient bien moins hautes autrefois, et ainsi le maître pouvait voir très loin à quelles occupations vaquaient – ou ne vaquaient pas - les hommes.
Ensuite, nous avons été invités à découvrir l’argamasse, place où on séchait le café, l’aloès. La place est aujourd’hui occupée par un salon de jardin.
(à suivre)