Je n’ai jamais abordé le sujet de la Vanille, alors que cette plante occupe une place de choix à la Réunion. On la cultive au Sud, à l’Est et elle est présente sur tous les marchés de l’île.
Yvette Lebon, qui nous avait accueillis dans son gîte à la Ravine des Cabris en 2008, nous a montré des gousses qu’elle était en train de faire sécher pour sa consommation personnelle et nous a expliqué le traitement qu’elle leur avait fait subir avant ce stade.
Et la première fois que nous avons vu cette liane – de la même famille que les orchidées - enlacer des troncs d’arbres, c’était dans la région de St Philippe après le Baril. Une tige ferme terminée par des feuilles oblongues épaisses d’un beau vert, s’enroule parfois sur 15 mètres autour des troncs. L’accès à ces terrains privés est interdit, et pour cause !… la vanille a un prix.
La fleur blanche doit être fécondée pour se transformer en fruit. Et contrairement à ce qui se passe avec d’autres fleurs, ni l’abeille, ni d'autres insectes ne réussissent cet exploit – on a bien essayé d’introduire une abeille du Brésil, sans succès. La pollinisation doit se faire manuellement. Ce sont des mains habiles qui font le geste, une technique qui aurait été transmise par un jeune esclave nommé Edmond Albius – découverte liée au hasard- il avait fait une manipulation fortuite et la fleur était devenue une longue gousse…
Mais ce « brevet » n’a pas fait le bonheur de l’esclave affranchi qui, a vécu des lendemains désenchantés : il aurait connu la prison à Saint Denis pour avoir dérobé du pain et serait tombé gravement malade dans son cachot pour mourir à sa sortie.
les gousses sont estampillées
Un jour, un créole m’a dit qu’on nommait les jeunes filles, attelées à cette tâche, des « marieuses » : elles avaient de petites mains et pouvaient aisément faire le geste avec une aiguille : elles soulèvent la membrane séparant le stigmate de la pollinie et font une petite pression sur le sac pollinique, comme Patrick Fontaine nous en fait ici la démonstration au Jardin des Parfums et des Epices à Saint Philippe.
Une bonne « marieuse » peut féconder 1200 à 1500 fleurs de vanille par jour.
Pour le traitement des gousses (échaudage, étuvage…) un site intéressant : http://www.snv.jussieu.fr/vie/dossiers/aromes/vanille/vanille.htm
Si vous achetez de la vanille, un petit conseil : ne la conditionnez pas dans les boîtes en bois dont elles prennent l’odeur - Germain en a fait la triste expérience.- Enfermez les gousses dans un récipient en verre et laissez – les à l’ombre. Evitez d’acheter des gousses trop sèches et rabougries, ou des gousses trop fraîches...